Quelles solutions pour parer au déficit de travailleurs qualifiés ?

Photo: Commission européenne

Le manque de travailleurs qualifiés est au coeur des préoccupations de l'Union européenne. D'où le projet de Bruxelles de mettre en place un système de « cartes bleues » pour faciliter l'immigration non européenne, inspiré de la « green card » américaine.

Vladimir Spidla
Avec le vieillissement de la population, la République tchèque, comme une majeure partie des pays de l'UE, va cruellement manquer d'actifs qualifiés d'ici à 2050. Dès aujourd'hui, à côté de spécialistes en informatique, la République tchèque accuse un déficit de travailleurs qualifiés tels que maçons, artisans, chauffeurs, manoeuvres chargés de la surveillance de machines, ouvriers ou encore employés de nettoyage, comme l'explique Vladimir Spidla, commissaire européen aux affaires sociales :

« Nos propres ressources ne suffisent plus. Si on veut rester compétitif, il faut qu'on accueille des travailleurs qualifiés. »

Mardi, le chef de la Commission européenne, José Manuel Barrosso, a présenté le projet de « carte bleue » qui permettrait aux migrants d'obtenir un emploi et un permis de séjour de deux ans dans un pays européen, ainsi qu'une aide sociale comme des allocations au logement ou des allocations familiales. Un système qui entend notamment lutter contre l'immigration illégale. Autre objectif poursuivi par un projet adjoint préparé par Vladimir Spidla : la lutte contre le travail au noir. Parmi les critères de sélection des travailleurs, hormis les connaissances, la formation et le niveau d'études, c'est également la « valeur » du travailleur sur le marché qui sera pris en compte. Vladimir Spidla :

« D'après la directive, un migrant sera considéré comme qualifié à partir du moment où il recevra le triple du salaire minimum pour son travail. »

Certains hommes politiques européens sont réticents à ce système de « carte bleue », comme le ministre tchèque du Travail, Petr Necas. Interrogé par le quotidien économique Hospodarske noviny, il estime que l'UE devrait plutôt se concentrer sur l'ouverture de son marché intérieur du travail, c'est-à-dire faciliter la libre circulation de la main-d'oeuvre à l'intérieur de ses frontières, et, seulement ensuite, attirer des étrangers. Mais cela ne l'empêche pas de soutenir le projet de « cartes vertes » du gouvernement tchèque, une version différente de la « carte bleue » européenne.

Photo: Commission européenne
De nombreux chefs d'entreprises tchèques accueillent la nouvelle de ces procédures simplifiées avec enthousiasme. Certains trouvent cependant que le système proposé par le gouvernement tchèque ne va pas assez loin et souhaiteraient que les cartes ne concernent pas uniquement les travailleurs mais aussi leurs familles, afin que celles-ci puissent s'installer dans le pays choisi et y rester.

En attendant, il faudra l'accord de tous les pays de l'UE avant de pouvoir lancer ce projet de « cartes bleues », ce qui risque de ne pas être une mince affaire, chaque Etat se réservant jusqu'à ce jour le droit de faire sa propre cuisine interne en matière d'immigration.