Quelques événements culturels de l'année écoulée

La Belle et la Bête

Qu'est-ce que l'année 2003 a apporté à la culture tchèque? Il est difficile de choisir dans la multitude des manifestations culturelles de l'année dernière. On doit constater cependant que la quantité n'était pas toujours accompagnée par la qualité souhaitable.

L'ennui à Brno
Au cinéma, on a surtout remarqué le premier film du réalisateur Vladimir Moravek, "L'ennui à Brno", une comédie qui prolonge la glorieuse tradition de la nouvelle vague du cinéma tchèque des années 1960 ayant donné au monde un Forman, un Menzel et une Chytilova.

Quant aux arts plastiques, la Galerie nationale de Prague a préparé deux expositions importantes des peintres tchèques du 19ème siècle. Au manège du Palais Wallenstein, on a pu voir une rétrospective de Vaclav Brozik, grand représentant de la peinture historique et de l'art pompier, et au palais Kinsky, place de la Vieille-Ville, on a présenté les oeuvres des peintres de la famille Manes, famille dont le fils le plus célèbre, Josef Manes, est considéré comme le fondateur de la peinture tchèque. L'année écoulée a ouvert une tendance qui continuera aussi dans le proche avenir: faute de moyens, les institutions culturelles officielles, dont la Galerie nationale, cèdent la place à des organismes privés. Plusieurs galeries ont été ouvertes en République tchèque dont celle créée dans les anciens moulins au bord de la Vltava à Prague par la collectionneuse Meda Mladkova. Après des années d'efforts infatigables, elle a fini par réaliser le rêve de sa vie: donner à Prague un musée d'art moderne qui porterait le sceau de sa personnalité et lui permettrait d'exposer ses collections d'oeuvres du peintre Frantisek Kupka, du sculpteur Otto Guttfreund et de nombreux autres plasticiens tchèques modernes.

A l'opéra, les espoirs du public ont été plutôt déçus. Après le succès indéniable, au Théâtre national, de l'opéra "Mort de Klinghofer" de John Adams, on attendait beaucoup de "La Belle et la Bête", un opéra de Philip Glass monté au Théâtre national par les frères Forman, fils du célèbre réalisateur du cinéma Milos Forman. Ces metteurs en scène inexpérimentés qui ne manquent pourtant pas d'esprit d'invention n'ont pas réussi à rendre la magie de cet opéra basé sur le célèbre film du même nom de Jean Cocteau. Une autre déception a été, à l'Opéra d'Etat de Prague, la récente première de l'opéra "Béatrice et Bénédict" de Berlioz, production à laquelle on avait invité plusieurs artistes français. C'est donc le Théâtre national de Bratislava qui nous a donné une leçon lorsqu'il a présenté à Prague La Pucelle d'Orléans, opéra de Tchaïkovski, et notamment une splendide Cenerentola (Le Cendrillon) de Rossini, mise en scène avec une fantaisie pétulante et un humour irrésistible par Jozef Bednarik. Heureusement, au cours de toute l'année, nos célèbres chanteuses Eva Urbanova, Magdalena Kozena et Dagmar Peckova, invitées dans les théâtres les plus prestigieux, dont le Metropolitan Opera, ne cessaient de remporter des succès. On aimerait les voir et les entendre cependant plus souvent en République tchèque.