Rapport : Quelle est la situation des réfugiés en Europe centrale ?
La plus grande ONG tchèque d’aide humanitaire et au développement Člověk v tísni (People In Need) vient de publier un rapport détaillé sur la situation des demandeurs d’asile dans les pays du groupe de Visegrád. Elaboré en coopération avec des ONG slovaques, hongroises et polonaises, le document rassemble toutes sortes de données statistiques sur cette population vulnérable, peu nombreuse en Europe centrale, mais qui, trop souvent confondue avec les « migrants économiques » continue de susciter la méfiance dans la région.
« Ces deux ou trois dernières années, nous avons assisté à une évolution de la perception de ce phénomène en Europe centrale. Avant la crise des réfugiés, nos pays n’étaient pas vraiment confrontés à la migration pour des raisons humanitaires. Ensuite, un grand débat s’est déclenché à ce sujet dans nos sociétés. Mais les faits ont été souvent déformés. Dans notre étude, nous nous sommes intéressés uniquement aux personnes en détresse qui arrivent dans nos pays sans permis de séjour et sans visas, pour demander une forme de protection internationale des réfugiés. Leur nombre est très restreint : en 2016, seules 2 558 personnes ont bénéficié d’une protection par les autorités tchèques, c’est-à-dire d’asile ou de protection complémentaire. Cela ne représente que 0,03% de la population. En Hongrie, le droit d’asile a été accordé à environ 3 300 personnes, alors qu’elles étaient près de 250 en Pologne et 460 en Slovaquie. »
L’Europe centrale accueille des réfugiés venus des quatre coins de la planète et les nationalités représentées en plus grand nombre varient de pays en pays. Tereza Freidingerová :
« En 2016, la République tchèque a enregistré le plus grand nombre de demandeurs d’asile venant d’Ukraine, d’Irak et de Cuba, tandis que la Hongrie a accueilli principalement des Afghans, des Syriens et des Pakistanais. La Pologne, quant à elle, a accordé sa protection aux Russes, aux Tadjiks et aux Ukrainiens notamment. Ces données démontrent que les migrants n’arrivent pas uniquement du Proche-Orient, mais d’autres zones de crise également. »
L’étude menée par l’ONG Člověk v tísni a démontré que les Tchèque se classaient parmi les peuples les plus méfiants à l’égard des immigrés en Europe centrale (près de 80% des sondés ont manifesté une attitude négative envers les migrants originaires d’un pays hors UE). Pour Tereza Freidingerová, cette méfiance a toutefois un caractère préventif et ne se manifeste pas par une politique rigoureuse à l’égard des nouveaux venus, comme c’est le cas dans d’autres pays. Tereza Freidingerová :« Le rapport des ONG accorde aussi beaucoup d’attention à l’intégration des réfugiés. Dans ce domaine, la République tchèque est un cas unique au sein du groupe de Visegrád. Son programme d’intégration est systématique, complexe et il est soutenu par la législation. Il a été élaboré en 1994 et il est en constante évolution. Ceci montre que la situation des réfugiés tient à cœur aux autorités. La situation est tout autre en Hongrie qui n’a pas de programme d’intégration de ce type. Au contraire, le gouvernement en place mène ouvertement une campagne qui dénonce les activités des ONG œuvrant en faveur des réfugiés. Mardi 20 février, une série de lois visant à limiter leurs activités seront d’ailleurs débattues au Parlement hongrois. »