Réactions suite au référendum en Crimée

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Les habitants de la Crimée ont plébiscité ce dimanche le rattachement de la péninsule à la Russie à 96,8% des voix, contre 3,2% qui se sont prononcés pour le statut autonome de la Crimée. Toutefois, l’Union européenne a officiellement condamné le même jour ce référendum le jugeant « illégal et illégitime ». Ce lundi, les ministres des Affaires étrangères européens se sont réunis à Bruxelles pour discuter des sanctions à mettre en œuvre à l’encontre de la Russie. La République tchèque, elle, appelle à l’unité au sein de l’UE.

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Le gouvernement de Kiev considère le référendum sur l’autonomie de la Crimée comme illégal, en stipulant que les résultats auraient déjà été établis par avance. Le Comité des électeurs d’Ukraine a signalé des manipulations des bulletins de vote, en raison de procédures simplifiées, par le biais desquelles des votes multiples ont été possibles. De plus les résultats publiés ce dimanche sont très proches des résultats espérés. Les tensions sont perceptibles dans la région, et le Parlement ukrainien a annoncé ce lundi la mobilisation de 40 000 réservistes. La communauté internationale condamne les actions de la Russie, et la République tchèque s’aligne sur la position de l’Union européenne en déniant la légalité de ce référendum. A cette occasion le chef de la diplomatie tchèque, Lubomír Zaorálek, a fait savoir ce dimanche soir que la Russie, isolée sur la scène internationale, n’était pas en mesure de justifier la violation de l’intégrité territoriale de l’Ukraine ou de trouver des alliés :

Lubomír Zaorálek,  photo: ČTK
« Ce chiffre élevé résultant du référendum me rappelle nos anciennes élections antérieures à 1989. Je répète donc que je considère ce référendum comme illégitime, et ce pour de nombreuses raisons. Il n’est pas possible de considérer comme étant normal de voter dans un pays auquel des observateurs internationaux n’ont pas eu accès, où des soldats fourmillent de partout, et où l’action des médias a été restreinte à de nombreuses reprises. Les médias ukrainiens ont été étouffés et censurés. Ces conditions ne permettent donc pas un environnement propice pour la mise en place d’élections ou de référendum. Le résultat de ce référendum est ainsi contestable, comme son fondement même, et il ne change rien à la position que nous avons affirmé au début. »

Le ministre de l’Industrie, Jan Mládek, a fait savoir ce dimanche que l’Union européenne devait agir de façon coordonnée :

« Pour être tout à fait honnête, la pire solution serait que l’Union européenne adopte une attitude radicale, voulue par certains pays membres, mais qu’elle ne réussisse pas à la maintenir. »

Miroslav Kalousek,  photo: ČTK
Toutefois, Miroslav Kalousek, le vice-président du parti de l’opposition TOP 09, s’est prononcé en faveur de sanctions plus lourdes :

« La Crimée est une débâcle définitive de la politique occidentale ‘de bonne volonté’ menée jusqu’à présent à l’égard de la Russie. Nous ne pouvons pas dire : ‘vu qu’il ne s’est rien passé, alors on ne va rien faire.’ C’est précisément dans ces cas précis que nous devons, d’après moi, être actifs sur le sol européen pour faire valoir d’autres mesures. »

Ce lundi, le ministère des Affaires étrangères tchèque Lubomír Zaorálek a fait savoir que les sanctions de la part de l’Union européenne doivent dans un premier temps concerner une vingtaine d’hommes politiques russes. Les principales sanctions envisagées sont le gel des avoirs financiers ainsi que des restrictions de visas. Le chef de la diplomatie tchèque a tenu à souligner qu’un élargissement de cette liste allait dépendre de l’évolution, imprévisible, de la situation. Lubomír Zaorálek :

« Nous allons décider ce lundi de ces sanctions, mais la liste des personnes concernées n’est pas définitive. Il n’est pas possible d’exclure que d’autres réunions européennes élargiront ainsi la liste avec d’autres noms. »

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Si près de 10 000 Tchèques vivent en Ukraine, le Premier ministre, ainsi que le chef de l’Etat, ont déjà obtenu quarante lettres de familles tchèques, vivant dans la région de Jytomyr et demandant leur transfert en République tchèque. A l’origine de cette demande, les membres de l’Association des Tchèques de la ville de Malinovka, village situé à 100 kilomètres de Kiev, précisent ce qui les pousse à vouloir partir : une montée de la criminalité, un avenir incertain ainsi que des menaces de la part des Russes, à l’égard de ceux qui auraient travaillé pour l’administration autonome ukrainienne. Déjà 160 hommes, Tchèques et Ukrainiens, y ont été mobilisés pour un entrainement miliaire de dix jours. A ce propos, Igor Hýbl, un des habitants tchèques de la région, a fait savoir :

« S’ils m’appellent, je vais y aller. Mais j’ai peur pour mes enfants. J’ai deux enfants, et il faut bien que je ramène des sous à la maison. »

Le chef de la diplomatie tchèque n’a pas voulu toutefois s’exprimer sur un éventuel embargo militaire à l’encontre de la Russie, et ce même si la France et l’Allemagne continuent de lui fournir des équipements militaires. La question qui se pose à l’heure actuelle est la question de l’étendue des sanctions de la part des pays de l’UE.