Reconstitution du visage de deux femmes de l’Age du bronze mises au jour à Moravský Krumlov

Reconstitution du visage de deux femmes de l’Age du bronze

La Moravie est une des régions d’Europe les plus riches en vestiges préhistoriques et une mine pour les archéologues, comme en témoignent les annonces régulières d’une nouvelle mise au jour dans la région. Au pavillon Anthropos du Musée morave de Brno, il est désormais possible de découvrir une partie de l’histoire – et le visage – de deux femmes préhistoriques dont les dépouilles ont été retrouvées il y a une vingtaine d’années.

C’est dans une tombe à puits qu’ont été inhumées les deux femmes il y a plus de 6 000 ans, plus précisément dans le puits d’un gisement de pierre de taille néolithique situé dans la forêt de c, dans le sud-est de la Tchéquie.

En collaboration avec des anthropologues du Musée morave, des scientifiques tchèques ont procédé à la reconstruction faciale de ces deux femmes de l’Age du bronze, à partir de leur crâne.

Eva Vaníčková | Photo: ČT

Selon Eva Vaničková, qui dirige le laboratoire de reconstruction anthropologique, les deux femmes ont vraisemblablement souffert de faim et de maladie durant leur enfance, mais ont bénéficié d’une meilleure alimentation plus tard, un régime à base de viande et de baies :

Photo: Filip Fojtík,  Musée morave de Brno

« Nous avons pu déterminer que les deux femmes partagent un même patrimoine génétique. Peut-être étaient-elles sœurs, ou bien une mère et sa fille. Dans tous les cas, le nouveau-né qui reposait sur la poitrine de la plus âgée des deux n’a aucun lien familial avec elles. Pour réaliser leur reconstruction faciale, nous avons procédé à une analyse qui a permis de déterminer que l’une avait les yeux bleus, l’autre les yeux verts, brun ou noisette. C’est également ainsi que nous avons pu déterminer la couleur des cheveux. »

Photo: Filip Fojtík,  Musée morave de Brno

Les squelettes des deux femmes montrent qu’elles ne mesuraient sans doute pas plus d’1,50 m, qu’elles n’ont pas dépassé l’âge de 40 ans et qu’elles ont dû exercer un travail physique éprouvant.

Cette forte musculature conduit l’archéologue Martin Oliva à penser qu’il existait dans leur groupe humain une division inversée du travail, les tâches les plus dures étant assumées par les personnes situées à un échelon socialement plus faibles de leur société :

« Dans ce type de société, et d’ailleurs tout au long de l’histoire, les personnes les plus puissantes faisaient en général travailler celles qui l’étaient moins. La puissance de ces personnes résidait essentiellement dans leur position sociale, ce qui signifie qu’elles n’avaient pas besoin de travailler physiquement. »

Photo: Filip Fojtík,  Musée morave de Brno

La région où s’étend la forêt de Moravský Krumlov était, à l’époque de la préhistoire, un lieu important pour l’extraction lithique. Ici, les populations préhistoriques ont exploité les ressources à leur maximum, extrayant des tonnes de chaille, une concrétion que l’on trouve au sein de masses calcaires et qui servait, comme les silex, à fabriquer des pointes de flèches ou des petits outils bifaces.

Si cela était en effet une des raisons de l’exploitation de ces gisements, celui de Moravský Krumlov révèle que ce n’était pas la seule, comme l’explique Martin Oliva :

Martin Oliva | Photo: Adam Kebrt,  ČRo

« Ce sont des tonnes de pierres de taille qui y ont été exploitées, travaillées, et ensuite rapportées dans les puits. Au final, très peu a été emporté. Faire un travail aussi dur physiquement et ensuite laisser une grande majorité de ce qui a été transformé sur place est difficile à comprendre aujourd’hui. Peut-être faut-il aller chercher une explication du côté de la magie ou du monde des symboles pour comprendre cela. »

Photo: Filip Fojtík,  Musée morave de Brno

Les bustes des deux femmes dont le visage a été reconstitué est à voir au pavillon Anthropos à Brno, de même qu’une reproduction de la tombe à puits où leurs dépouilles ont été retrouvées en 2002. Le Musée morave a également lancé un appel au public sur les réseaux sociaux afin de leur trouver un prénom.

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Auteurs: Anna Kubišta , Vlasta Gajdošíková
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