« Relativement beaucoup d'hommes d'affaires tchèques nous ont demandé si la situation en France était dangereuse »
Après les violences urbaines du mois de novembre dans l'Hexagone, rencontre avec Bretislav Kalusek, chef de la section économique et commerciale de l'ambassade tchèque en France.
M. Kalusek revient en premier lieu sur l'évolution des liens commerciaux franco-tchèques depuis l'élargissement de l'UE, en mai 2004 :
« L'adhésion a été une forte impulsion pour le développement des relations bilatérales franco-tchèques, y compris dans le domaine du commerce extérieur et des investissements. La France est actuellement le cinquième partenaire commercial de la République tchèque. »
Peut-on regrouper ces échanges dans quelques grandes catégories ?
« Oui, ce qui est frappant dans ce commerce est que c'est un commerce intra-branche. Les quatre premières positions sont occupées par des producteurs liés à l'industrie automobile. Il n'y a pas de spécialisation sectorielle, c'est intra-branche. Ce qui est favorable pour Prague ces derniers temps est que le commerce tchèque a un taux de croissance un peu plus élevé que les importations tchèques. Ceci est lié à l'ouverture des frontières et à l'accès plus facile des marchandises tchèques sur le marché de l'UE élargie. »
Reste-t-il encore beaucoup de travail à faire ?
« Oui, beaucoup, parce qu'avec la croissance du commerce, on peut voir une croissance du nombre d'entreprises peu expérimentées qui me demande comment se procurer des données sur les partenaires commerciaux, si on peut les aider s'il y a des problèmes de paiement, de transport... Mais il faut également dire que les entreprises tchèques sont très débrouillardes et cherchent le soutien de l'ambassade seulement à la dernière minute. »
Est-ce qu'il reste des difficultés pour ces entreprises tchèques désireuses de s'implanter en France, au niveau linguistique ou administratif par exemple ?
« La langue est un premier problème, c'est vrai, parce que le français n'est pas parlé au sein des entreprises ou de la population tchèque en général. Mais le commerce se développe d'une telle manière que la langue ne freine pas d'une façon particulière. Ce qui peut créer certains problèmes ou ralentir les travaux c'est la différence entre les cultures, les différentes approches des affaires. Les Tchèques sont en général très ponctuels et aiment accompagner le commerce de beaucoup de dessins, de planning, avec un côté technique très fort, ce qui parfois n'est pas le cas des sociétés françaises... »
C'est la raison pour laquelle les entreprises tchèques préfèrent parfois travailler avec des entreprises allemandes ?
« Probablement non, parce que l'économie allemande va plutôt mal ces dernières années. Bien sûr, l'avantage est que l'Allemagne est un pays voisin alors c'est beaucoup plus facile au niveau logistique, mais il faut diversifier les activités et les entreprises tchèques sont bien conscientes du fait que la France est la deuxième ou troisième puissance économique de l'UE et qu'il faut chercher des coopérations fructueuses avec les Français. Je peux vous citer en exemple le grand salon de sous-traitance industrielle qui a lieu cette semaine à Paris, le salon Midest, où il y a une trentaine d'entreprises tchèques : c'est relativement beaucoup pour un petit pays. »
A Prague, les investisseurs étrangers se sont plaints et se plaignent encore de l'environnement juridico-légal des affaires. Les entreprises tchèques font-elles les mêmes reproches aux Français et ont-elles du mal parfois avec les lourdeurs administratives françaises ?« Oui. Je connais le cas particulier d'un fabricant tchèque de lits d'hôpitaux qui a créé une antenne ici, LINET, et même avec cette antenne commerciale il y a toujours des problèmes et il faut donner toujours plus de certificats pour persuader les clients français que la marchandise est de qualité. »
Est-ce que pendant les événements et les violences urbaines de ces dernières semaines en France les entrepreneurs tchèques vous ont posé des questions sur la situation ?
« Oui, il faut dire que probablement à la télévision et dans les médias tchèques, les événements ont été un peu exagérés - telle est en tout cas mon opinion personnelle. Relativement beaucoup des hommes d'affaires qui passaient en France ces derniers temps nous ont contactés par téléphone et par mail pour nous demander si la situation était dangereuse ou pas. Mais finalement ils sont presque tous venus et ont pu voir de leurs propres yeux que la situation n'est pas si dangereuse ou si négative, que c'était probablement un phénomène tout à fait passager. »