Restitution controversée de la villa Tugendhat, à Brno, protégée par l'UNESCO
La célèbre villa Tugendhat, inscrite pour son style fonctionnaliste préservé en état original sur la liste du patrimoine de l'UNESCO, fait l'objet de dispute. Les descendants de ses anciens propriétaires réclament sa restitution.
Le 28 décembre dernier, la municipalité de Brno qui est le propriétaire de la villa a reçu une demande de restitution présentée par Ernst, Ruth et Daniela Tugendhat, enfants des premiers propriétaires de la villa. Leur demande se réfère à la loi sur l'atténuation des torts matériels causés aux victimes de l'holocauste. Une analyse juridique que la municipalité de Brno s'est fait faire qualifie la demande de non fondée, dit l'adjointe du maire de Brno, Barbora Javorova :
« Réellement, en ce moment, nous n'avons aucune pièce, aucun document prouvant que la municipalité aurait, juridiquement, l'obligation de restituer la villa. »
Le directeur du musée de Brno qui gère la villa, Pavel Ciprian, estime que les descendants de la famille Tugendhat ont basé leur demande sur le paragraphe numéro 3 de la loi où il est question de restitution des oeuvres d'art :« La villa peut, certes, être considérée comme une oeuvre d'art par excellence, néanmoins il s'agit de bien immobilier que la loi ne mentionne pas... »
Point étonnant que la ville de Brno ait décidé de rejeter la demande. La villa est l'un des bijoux architectoniques qui se trouvent sur son territoire. Depuis 2001, elle figure sur la liste du patrimoine de l'UNESCO. Elle est unique par le choix de matériaux, l'aménagement et la conception intérieure qui a supprimé la division en chambres préférant un seul espace derrière de grandes fenêtres donnant sur le jardin. L'architecte allemand Ludwig Mies van der Rohe l'a conçue pour Fritz et Greta Tugendhat, riches commerçants qui possédaient plusieurs usines textiles à Brno. En 1939, la famille a fui le nazisme et s'est installée au Venezuela. Occupée et pillée par la gestapo, la villa a été après 1945 nationalisée. Jamais dans le passé, ses propriétaires n'ont demandé sa restitution. Leurs enfants, par contre, sont prêts à porte plainte devant le tribunal tchèque et même au tribunal de Strasbourg.