Rétablissement de l’état d’urgence en Tchéquie : ce qui change à partir de lundi
Près de quatre mois après la fin de l’état d’urgence déclaré à la mi-mars peu de temps après la détection du premier cas de coronavirus dans le pays, la République tchèque a décidé de rétablir cet état d’exception à compter du lundi 5 octobre. Cette fois-ci, différemment qu’au printemps, mais avec l’objectif sinon d’endiguer, en tout cas de stabiliser la situation épidémiologique inquiétante en Tchéquie.
Quand l’état d’urgence avait été déclaré le 12 mars, peu de temps après avaient suivi des mesures restrictives qui avaient barricadé la République tchèque à l’intérieur de ses frontières, fermées aux entrées et aux sorties, et les Tchèques à l’intérieur de leurs foyers, avec la limitation de la liberté de circulation des personnes.
Avec la reprise de l’épidémie de coronavirus après la saison estivale et les chiffres en hausse depuis le début du mois de septembre, l’idée d’un rétablissement de l’état d’urgence a peu à peu fait son chemin – notamment prôné par le nouveau ministre de la Santé, Roman Prymula, épidémiologiste en chef lors de la première vague de Covid-19. Avec pour objectif de faire redescendre le taux de reproduction en-dessous de 1.
« La situation épidémiologique actuelle n’évolue pas comme il le faudrait. La République tchèque fait partie des pays qui ont une des hausses du nombre de contamination les plus rapides. Tout comme en Grande-Bretagne, en France ou en Israël, nous devons mettre en place des mesures qui peuvent stopper cette augmentation dramatique. Le nombre de cas quotidiens n’est pas le plus important, ce qui compte c’est que ce nombre génère un grand nombre d’hospitalisations. En outre, le nombre de décès augmente aussi, ce qu’il faut également stopper. »
Quelques-unes des déclarations très restrictives de Roman Prymula au printemps dernier – comme l’idée d’une fermeture des frontières pour deux ans – pouvaient faire craindre un tour de vis drastique pour l’automne. Finalement, et jusqu’à nouvel ordre, si de nombreuses mesures vont entrer en vigueur à partir de lundi, le ministre de la Santé a tenu à préciser qu’il ne « s’agissait pas d’arrêter l’économie ».
« Déclarer l’état d’urgence ne signifie en aucun cas que nous allons mettre en place des mesures telles que celles du printemps dernier. L’état d’urgence est uniquement un cadre législatif qui nous permet de mettre en place des mesures de restriction qui certes, peuvent avoir des retombées économiques, mais qui ne signifient pas la fermeture de magasins, d’entreprises ou autres. »
Dans la ligne de mire du ministre de la Santé : les écoles et les activités de loisir. Pour les premières, aucune fermeture d’établissements du niveau maternel et primaire n’est prévue. Par contre, les écoles du niveau secondaire situées dans les régions à risque épidémiologique fort ou moyen (couleurs rouge et orange sur la carte du ministère de la Santé) devront passer à l’enseignement à distance à partir de lundi. Outre les chiffres de contaminations inquiétants dans le secteur médical, ceux qui concernent l’enseignement ont également connu une hausse exponentielle depuis la rentrée : le nombre d'enseignants et d'élèves contaminés au Covid-19 a ainsi triplé depuis le 11 septembre. Au 25 septembre, 2 057 enseignants et élèves avaient été testés positifs au coronavirus. 480 écoles de République tchèque ont dû entièrement – ou partiellement – fermer leurs portes depuis, alors qu'elles n'étaient que 247 le 11 septembre dernier.
- Tous les événements en intérieur seront limités à 10 personnes maximum, et à 20 en extérieur. Les compétitions sportives se dérouleront, elles, sans spectateurs. Si le sport est touché par ces mesures de restriction, la culture aussi : plus de concerts, ni de comédies musicales ou d’opéras, en raison du chant qui favorise la diffusion de gouttelettes, mais cinémas et théâtres pourront rester ouverts dans la limite de 500 spectateurs.
- D’ailleurs, cette interdiction très spécifique du chant concerne également les écoles et les églises. Ces dernières se verront également limitées en termes de nombre de personnes : pas plus de 100 participants pour tous les rassemblements religieux. A compter du 19 octobre, le nombre de personnes sera également restreint à 30 pour les mariages et les enterrements.
- En outre, les restaurants ne pourront accueillir que six personnes maximum par table à partir du 5 octobre. Tout en fermant leurs portes, comme les bars, entre 22h et 6h du matin, comme c’est le cas depuis quelques jours déjà.
Toutes ces mesures seront en vigueur pour une durée de deux semaines, et seront renouvelées, ou adaptées, selon l’évolution de l’épidémie dans le pays. L’état d’urgence, lui, est déclaré pour une durée d’un mois.