Retour en automne de George Agathonikiadis

Retour en automne

Si vous aimez le pays des olives, des mythes, du soleil éternel et de la mer bleu azur, c'est exactement pour vous que j'ai préparé cette revue culturelle. La Grèce et la République tchèque... Y a-t-il quelque chose qui les rapproche ? Bien sûr : l'histoire, le cinéma et la musique...

Retour en automne
Il était une fois un petit Grec. Il était né quelques années après la Seconde guerre mondiale, lorsque son pays était secoué par une autre guerre, civile cette fois-ci. Et alors, George s'est retrouvé, tout comme beaucoup d'autres enfants grecs, qui avaient perdu, dans la guerre, leurs parents, dans un pays d'Europe centrale qui ne ressemblait guère à leur patrie : en Tchécoslovaquie. Certains, comme le petit George, sont venu avec les membres de leurs familles, souvent s'étaient les grand-parents. Ceux de George se sont installés à Brno, en Moravie. Considérés comme immigrés politiques, ils n'ont pas eu de perspective de pouvoir retourner, un jour, en Grèce. Ils étaient, évidemment, très nostalgiques de leur patrie. Mais, en tant que Grecs, ils étaient en même temps ouverts, chaleureux, gai et amicaux, donc, forcément, très aimés de leurs voisins tchèques. George, lui, vivait dans deux mondes différents : tchèque et grec. Il allait à l'école tchèque, avait plein de copains, adorait la bonne cuisine morave, mais aussi la littérature, l'histoire, la musique de son pays adoptif. Chez les grand-parents, on mangeait grec, on écoutait la musique traditionnelle à la radio grecque, on dansait, on s'habillait comme en Grèce... Cette dualité, cette double existence marquera la vie et la personnalité de George une fois pour toutes. La trentaine passée, George et ses compatriotes peuvent, enfin, revenir en Grèce. Mais... les souvenirs de la Tchécoslovaquie, où ils ont grandi, fait leurs études, bref, entrés dans la vie, sont trop forts, inoubliables, ineffaçables. Nombreux sont ceux qui continuent à parler tchèque à la maison, à se faire envoyer des produits tchèques, qui refusent de s'assimiler avec le milieu qui devrait, à en croire la génétique, leur être proche.

Après la chute du communisme, George revient à Brno, chercher les cendres de ses grand-parents qu'il veut ramener en Grèce. Soudain, la ville qu'il connaissait si bien, où il a vécu les premier 30 ans de sa vie, lui paraît étrange, inconnue : ses amis d'enfance n'y vivent plus, les rues ont changé de nom... Quelques années plus tard, quand les liens avec la Tchécoslovaquie, avec la République tchèque, de nos jours, sont renoués, le scénariste et réalisateur George Agathonikiadis porte l'histoire de sa vie à l'écran. Son film, où il raconte avec tendresse, humour et un brin de nostalgie ses souvenirs de la Tchécoslovaquie des années 50 et son premier retour à Brno, après la Révolution de velours, s'appelle Retour en automne, et il vient de sortir sur les écrans tchèques. A l'avant-première pragoise de ce film tchéco-grec, les journalistes ont pu rencontrer les vedettes du cinéma tchèque qui y jouent et aussi le réalisateur, sympathique, souriant et parlant un tchèque parfait. J'ai pu, moi aussi, lui poser quelques questions : sur sa vie, sur le caractère tchèque et grec...

"Les Tchèques ont, tout d'abord, un sens de l'humour. Ils savent se moquer d'eux-mêmes, alors que nous, les Grecs, nous sommes beaucoup plus sérieux. Mais ce que nous avons en commun, c'est justement la culture : les deux pays n'inventent pas de nouvelles technologies, par exemple, comme d'autres pays, mais en revanche, ils sont très culturels. Moi-même, bien que je vive en Grèce, je ne me sens pas vraiment comme un Grec. Mes racines sont ici, en République tchèque : comme enfant déjà, j'admirais les hussites, Jan Hus et Jan Zizka. Je connais, bien sûr, la mythologie grecque, mais ce qui m'est plus proche, c'est la littérature tchèque : Nemcova, Borovsky etc. Sans parler, évidemment de la musique, de Smetana, Dvorak, Janacek, Martinu... Et je ne suis pas le seul. Tous les Grecs, qui ont grandi ici, sont un peu comme moi. Je dis souvent que les Tchèques, quand ils viennent en Grèce, sont en quelque sorte chez eux..."

Auteur: Magdalena Segertová
lancer la lecture