Říp, le mont mythique du peuple tchèque

Le mont Říp, photo: Štěpánka Budková

Les Tchèques l’appellent « Hora Říp », la montagne Říp. Visuellement, ce sommet évoquant davantage une colline, on choisira donc l’appellation plus neutre de « mont » pour ne froisser personne. Mais sa grandeur se trouve nul doute ailleurs : Říp est en effet un lieu important de la mythologie et de l’histoire tchèques. On raconte en effet que c’est sur son sommet qu’est jadis monté l’ancêtre des Tchèques, et qu’observant les paysages alentours, il décida de s’y installer avec sa tribu slave.

Toujours selon la légende, le territoire ainsi fondé aurait pris le nom de cet ancêtre, Čech (qui donne Čechy, la Bohême en français, ou pays tchèque). Le chroniqueur médiéval Cosmas est le premier à rapporter ce mythe au début du XIIe siècle, mais c’est l’écrivain Alois Jirásek qui, en 1894, a rédigé sa version la plus célèbre dans ses Anciennes légendes de Bohême.

Le mont Říp,  photo: Miloš Turek

Le nom de « Říp » est d’origine indo-européenne. Ses origines remontent à l’Age du bronze et signifie tout simplement « montagne ». Et peut-être que c’est justement son apparence et son emplacement géographique qui donna à nos ancêtres protohistoriques cette impression de monumentalité que nous ressentons sans doute moins à notre époque de gratte-ciels. Le mot vient du celtique « rib », la côte, comme la côte de la Terre. Il est identique au vieux norrois « rip », l’élévation, la montagne.

D’une altitude de 460,80 mètres, Říp n’est clairement pas le plus haut sommet de Tchéquie, mais il est un élément dominant du paysage du Massif central de Bohême. Ce mont mythique se trouve à 4 km au sud de la ville de Roudnice nad Labem. Depuis son sommet, on peut admirer les anciens ballons volcaniques du Massif central et de la région de Kokořín.

La rotonde Saint-Georges-et-Saint-Adalbert,  photo: Štěpánka Budková

Un lieu de visite pour tous les Tchèques

La statue de saint Georges,  photo: Štěpánka Budková

Tout en haut du mont Říp se dresse la chapelle romane Saint-Georges-et-Saint-Adalbert. Sa première mention écrite remonte à l’an 1126 lorsque le prince Soběslav Ier fit restaurer et agrandir la rotonde, dotée d’une nouvelle tour circulaire à l’Ouest en souvenir de sa victoire sur le roi germanique Lothaire III.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le site devient un lieu de pèlerinage. L’apparence actuelle de la rotonde est le résultat de travaux de remaniement effectués dans les années 1860. A l’intérieur se trouve un relief en grès représentant saint Georges combattant le dragon de Bernard Otto Seeling (1870) et une statue de saint Georges de 1881, œuvre du sculpteur Eduard Veselý.

En 1868, un bloc de pierre extrait du mont Říp fut solennellement transporté pour servir de fondation au Théâtre national à Prague.

Photo: Dominik Jůn

Tous les ans, le dimanche précédant la saint Georges (24 avril) s’y déroule un pèlerinage en l’honneur du saint. Le mont Říp est une des destinations touristiques favorites des Tchèques, et pas seulement lors du pèlerinage. On dit que chaque Tchèque devrait se rendre au moins une fois dans sa vie au sommet de ce mont mythique.

La vue de mont Říp,  photo: Štěpánka Budková
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