Roland Galharague : « Les réformes en France contribuent à l’intérêt renouvelé des investisseurs tchèques »
lancée ce mercredi à Prague et en province, avec divers événements économiques, culturels, éducatifs ou encore gastronomiques à son programme. A l’issue de la présentation aux médias de cette Semaine qui vise à mettre en valeur la qualité des relations franco-tchèques, l’ambassadeur de France, Roland Galharague, a répondu à quelques questions de Radio Prague.
Pendant longtemps, lorsque l’on a parlé d’investissements et des échanges franco-tchèques, on a d’abord eu en tête les investissements français en République tchèque. Les choses évoluent désormais aussi dans le sens inverse désormais. On a ainsi beaucoup parlé ces derniers mois dans les médias français notamment des investissements de Daniel Křetínský. Que pensez-vous de tout cela ?
« C’est vrai qu’il y a davantage d’investissements français en République tchèque que dans le sens inverse. Nous sommes très proches d’un chiffre de dix milliards d’euros pour ce qui est des investissements français en République tchèque. Le chiffre est beaucoup plus faible s’agissant des investissements tchèques en France, mais les choses changent petit à petit. Il y a maintenant plusieurs entreprises tchèques qui mesurent qu’elles ont atteint une certaine taille critique, mais qui ont su croître et ont décidé d’investir en France. C’est vrai dans certains secteurs comme le médical où des start-ups qui s’occupent de biotechnologies ont bénéficié d’apports d’investisseurs tchèques, de l’énergie également où le groupe ČEZ a repris des éoliennes en France, et plus récemment aussi effectivement dans les médias. »
« Concernant les intentions du groupe de Daniel Křetínský EPH, n’y a aucune raison à ce stade de croire que la liberté de travail des journalistes et l’indépendance éditoriale ne seront pas respectées. Dans la mesure où les règles d’investissement et du marché unique sont respectées, ce n’est là au fond qu’un épisode de la vie normale des affaires. Le média en question avait d’ailleurs déjà dans son tour de table des actionnaires étrangers ».Le regard que portent les entreprises tchèques sur le marché français évolue-t-il ? Celui-ci leur semble encore souvent compliqué d’accès en raison notamment des barrières administratives et de la langue…
« Je pense que les réformes qui sont en train d’être conduites en France en ce qui concerne notamment le marché du travail ou la simplification des règles administratives sont maintenant bien perçues et comprises et jouent certainement un rôle dans l’intérêt renouvelé des investisseurs tchèques pour le marché français. »
Emmanuel Macron est venu récemment à Prague après être passé aussi par la Slovaquie, deux pays qui font partie d’un Groupe de Visegrád dont certaines positions sur différentes questions sont parfois difficiles à comprendre pour les pays d’Europe de l’Ouest. Y a-t-il là également, selon vous, un travail important à mener pour que les positions des uns et des autres se rapprochent et aussi pour expliquer que la position de la République tchèque n’est pas forcément celle de la Pologne ou de la Hongrie ?
« C’est vrai, ce qui est important dans cette période où l’Union Européenne est en proie à des défis absolument considérables et où certains à l’extérieur s’efforcent d’affaiblir l’Union Européenne, c’est de conserver notre unité. C’est l’esprit dans lequel le Président de la République est venu à Prague : pour réaffirmer que pour la France, il n’y a pas de division est-ouest, pas de petits pays et de grands pays. Vous connaissez cette boutade sur l’Europe selon laquelle il n’y a pas de petits pays ni de grands pays, mais seulement des petits pays et des pays qui ne savent pas encore qu’ils sont petits. Avec la République tchèque, nous entretenons une relation de partenariat stratégique qui s’exprime dans notre capacité à trouver ensemble des solutions aux défis qui sont ceux de l’Union Européenne. Je prendrai simplement quelques exemples de l’actualité récente. Avec nos amis tchèques nous avons ensemble contribué à construire une meilleure défense européenne. Je rappelle que les tchèques sont déployées dans plusieurs opérations dont extérieures européennes dont le Mali. Nous avons contribué aussi à la convergence sociale au sein du marché unique à travers la révision de la directive sur les travailleurs détachés où les tchèques et les français se sont retrouvés unis pour faire évoluer les choses. Nous sommes en train de contribuer à la défense des intérêts européens dans la digitalisation de l’économie à travers notre engagement commun sur la taxe numérique. Autant d’exemples qui prouvent qui ne faut pas s’arrêter effectivement à ces idées reçues selon lesquelles il y a en Europe des blocs ou des camps. Il n’y a pas de blocs ou de camps, il y a une volonté d’avancer et de défendre nos intérêts européens ».Nous allons revenir à cette semaine de la France, à cette présentation que vous venez de faire. Vous avez mis l’accent sur deux aspects du volet économique de la manifestation à savoir l’industrie circulaire et l’industrie numérique. Pourquoi ces deux secteurs plus précisément pour cette année ?
« Parce que je crois que certains secteurs sont bien connus en République tchèque s’agissant de l’économie on pense à l’industrie puisque la République tchèque est l’un des pays à vrai dire le plus industrialisé de l’Union Européenne. 38 % du PNB est d’origine industrielle en République tchèque. Nous ne pensons pas toujours que la République tchèque est aussi un pays qui s’adapte, qui se modernise et qui est à la pointe dans certains domaines notamment numérique qui est aussi le cas de la France. Nous avons un intérêt conjoint à travailler ensemble pour faire que les industries numériques européennes qu’ils s’agissent des tuyaux, des vecteurs, des plateformes mais aussi du contenu puissent prospérer et qu’ils ne soient pas écraser par les entreprises immenses et internationales que nous connaissons tous. D’où l’intérêt que nous avons de défendre ensemble par exemple la rémunération de créateurs de contenu mais aussi la juste taxation des plateformes. C’est un sujet de coopération naturelle avec la République tchèque. L’économie circulaire est autre chose. Au fond c’est l’idée que contenu de la dégradation de l’environnement au niveau de la planète, contenu des risques et des dangers que portent le réchauffement climatique, il faut évoluer dans notre modèle de production de consommation qui est le modèle héritée des modèles des années 1960, un modèle du tout jetable vers un modèle au contraire où l’on crée de l’activité, on recycle, on reproduit, on déprogramme l’obsolescence pour avoir un mode consommation qui est plus durable et plus respectueux de l’environnement. C’est une préoccupation que nous avons en France et c’est aussi une préoccupation qui est partagée en République tchèque. Vous savez que les tchèques sont très sensibles à l’environnement, c’est un peuple qui aime beaucoup la nature, la montagne et il est très fière à juste titre de ses paysages. Là aussi il y a une sorte de disposition naturelle qui nous conduit à tenter de coopérer ensemble et donc d’avoir choisi ces deux thèmes économiques, circulaire et économie digitale, comme compositions économiques de cette cinquième semaine française ».La dernière chose qui dit présence française en République tchèque pense très souvent à la culture, c’est un volet qui est présent dans le programme. Au-delà du festival du film français, la principale manifestation sera consacrée aux artistes tchèques en Bretagne entre 1850 et 1950. Pourquoi ?
« C’est une exposition qui s’inscrit un peu dans la lignée de la commémoration du centenaire qui vient après plusieurs expositions majeures à Prague qui rappellent les liens culturels entre la France et la République tchèque. Il y a eu cette formidable exposition à Hvezda sur les traductions tchèques de poésies françaises, il y a en ce moment encore l’exposition Kupka, cet artiste tchèque mais qui a travaillé l’essentiel de sa vie en France. Il y a également une très belle exposition que je veux citer qui peut-être moins connu sur le rôle qu’a joué Kupka dans la définition et dans le dessin des symboles de l’état tchécoslovaque et aussi de certains symboles français. La Bretagne est une terre qui a beaucoup fascinée les peintres, on pense à l’Ecole de Pont-Aven et parmi eux beaucoup ont fasciné des peintres tchèques tout au long de cette période. C’est un épisode un peu méconnu mais qui répond à un vrai intérêt des tchèques pour la Bretagne qui est la troisième destination touristique pour les tchèques après l’Ile-de-France et la Provence. Nous avons eu l’idée avec le musée de Quimper et la Galerie Nationale de montrer cette exposition. Cette exposition fait aussi écho à l’installation des nouvelles collections françaises à la Galerie Nationale et parmi celles-ci un tableau de Gauguin qui avait été acheté par la Première République Tchécoslovaque. Il y a toute une série de liens qui sont plus étroits, plus intenses et plus denses que ce que nous avons aperçu à premièr