Rugby : Lukáš Rapant, l’accent tchèque du Top 14
Néo-Zélandais, Sud-africains, Australiens, Argentins, Britanniques, Irlandais Italiens, Samoans, Géorgiens… Cette saison plus encore que les précédentes, le Top 14 ne réunit pas seulement la crème du rugby français, mais aussi le meilleur ou presque de l’ovalie mondiale. De par son intérêt sportif et sa puissance financière, le championnat de France de rugby est aujourd’hui probablement la meilleure compétition de clubs dans le monde. Et aussi improbable que cela puisse paraître au regard de son évolution ces dernières années, le rugby tchèque est représenté, et plutôt bien, dans ce Top 14 avec deux joueurs réunis dans le même club. Radio Prague s’est entretenu avec l’un d’entre eux, le pilier d’Oyonnax, Lukáš Rapant.
« C’était un super match à jouer et à préparer. Avoir en face une équipe comme Toulon, c’est un truc extraordinaire, surtout pour Oyonnax qui vient de monter dans le Top 14. Tout le monde, que ce soit les joueurs, les coachs et l’entourage du club, était extrêmement motivé. Ca facilite la préparation du match. Après, tout s’est super bien passé sur le terrain. On a démontré une très grosse envie dans le combat contre toutes les stars toulonnaises. Nous avons vraiment tout donné et nos efforts ont été récompensés par cette belle victoire. »
Ce succès de prestige dans ce match de gala contre Toulon n’était pas le premier pour Oyonnax depuis le début de saison. Avant cela, le club de l’Ain s’était déjà payé le scalp d’autres grosses écuries du Top 14 : Clermont-Ferrand, champion de France 2010 et vice-champion d’Europe en titre, Biarritz et Castres, champion de France en titre. Lukáš Rapant nous donne la « recette miracle » qui en réalité n’en est pas vraiment une, et moins peut-être encore en rugby que dans tout autre sport collectif :« Ce succès, c’est vraiment celui de toute l’équipe, de tout un groupe. On a des individualités, de bons joueurs, mais pas de grandes stars comme dans d’autres équipes. On joue tous l’un pour l’autre. Nous sommes une bonne bande de copains, on donne tout sur le terrain et les résultats suivent. »
Avec cinq défaites pour quatre victoires en neuf journées mais un seul point de bonus, Oyonnax occupe, ce lundi, la 12e place du classement du Top 14. Devant Biarritz et Bayonne, dernier et avant-dernier, Lukáš Rapant, Miroslav Němeček et leurs partenaires figurent donc en position de premier non-reléguable. Malgré la lourde défaite (45-20) concédée à Montpellier samedi, un bilan provisoire plutôt satisfaisant pour un club qui avait abordé le début de saison avec beaucoup de modestie, comme l’explique le pilier tchèque :
« C’est vrai, tout le monde dans le rugby français pensait qu’on allait subir tous les matchs, qu’on allait perdre les premiers matchs à la maison contre Clermont et Castres. Je pense qu’on en a surpris quelques-uns. Mais les victoires acquises à domicile nous ont mis en confiance. Et puis on travaille beaucoup. On s’engage dans le projet du club et de la ville. On a vraiment très envie de réussir et de rester à ce niveau-là. »Cet objectif de maintien était aussi celui de Mont-de-Marsan et de Martin Jágr la saison dernière. Lui aussi promu et petit poucet du Top 14 comme l’est Oyonnax cette année, le club landais avait beaucoup souffert face aux ténors du championnat, et après quelques mois seulement passés au sein de l’élite, il avait fait l’ascenseur pour retrouver la Pro D2. Bon derniers, les Montois n’avaient remporté que deux petits matchs pour vingt-quatre défaites. Malgré les profils a priori similaires d’Oyonnax et de Mont-de Marsan, Lukáš Rapant assure ne pas avoir craint un parcours négatif à la montoise en début de saison :
« Non, pas vraiment. J’y croyais. Le rugby, c’est un sport de combat, et c’est pourquoi je ne redoute pas qu’un sort pareil à celui du Stade montois nous attende. On a une équipe différente avec beaucoup de joueurs possédant une expérience du Top 14 qui sont arrivés à l’intersaison. Non, vraiment, je n’ai pas eu peur. »
En France depuis pas mal d’années déjà, Lukáš Rapant est à Oyonnax depuis 2006. Il est donc particulièrement bien placé pour juger de la progression du club :
« Oui, depuis 2006, le club a beaucoup évolué. Il s’est structuré. Depuis l’arrivée de Christophe Urios comme entraîneur en 2007, beaucoup de choses ont changé. Il y a le stade déjà, qui n’est plus du tout le même. Encore cet été, une toute nouvelle tribune a été construite. Les gens qui viennent voir nos matchs ne se déplacent pas seulement d’Oyonnax mais de toute la région. Certains spectateurs font plusieurs heures de route. On est une petite ville, mais on est de plus en plus connus et reconnus dans le rugby français et en France, même quand on joue à l’extérieur. »
En mars dernier, Lukáš Rapant et Miroslav Němeček ont prolongé leur contrat de deux années supplémentaires jusqu’en 2015. Une marque de confiance et de reconnaissance de leur travail après une saison 2012-2013 il est vrai particulièrement réussie :« C’est bien ! On était contents tous les deux. Me concernant, depuis que je suis en France, mon objectif était de jouer dans le Top 14. Moi et Miroslav, nous avons beaucoup travaillé pour ça, et les dirigeants nous ont donné cette chance en nous prolongeant. Après, ils savent qu’on est de gros travailleurs et qu’on se donne à fond. Le coach nous fait confiance et ils n’ont pas voulu faire trop de changements par rapport à la saison dernière et à notre titre en Pro D2. »
Nous vous proposerons la suite de l’entretien avec Lukáš Rapant dans la prochaine rubrique sportive. Le pilier tchèque expliquera notamment comment son rêve de jouer dans le championnat de France s’est réalisé et quel regard il porte aujourd’hui sur le rugby dans son pays d’origine.