Secondes élections présidentielles tchèques
Vendredi 24 janvier : même scénario que le 15 janvier, sauf qu'on était un mercredi. La Salle espagnole du Château de Prague accueille les sénateurs et les députés du Parlement de la République tchèque. Au programme de leur session commune, l'élection du président de la République.
Le premier, Vaclav Klaus, est revenu sur son discours des premières présidentielles. Il a redéfini le rôle du chef de l'Etat et insisté sur le fait que le Président ne devrait pas être une contre-poid du Parlement ou du gouvernement. Il a su mettre en valeur sa personnalité, réfutant certaines spéculations parues dans les médias sur ses tentatives d'influencer les parlementaires de diverses formations. Sur de lui, Vaclav Klaus a offert ses services, son expérience et ses capacités à la nation, en affirmant qu'il serait le président de tous les citoyens.
Seconde à la tribune, Jaroslava Moserova, a insisté plusieurs fois sur ce qui la différenciait des deux autres candidats: elle est une femme. Se référant aux autres Présidentes dans le monde, elle a affirmé qu'elle saurait se faire respecter. Elle a invoqué le legs du premier Président tchécoslovaque, Tomas Garrigue Masaryk, selon lequel une politique sensée et honnête se révèle comme la plus efficace et la plus pratique. A 73 ans, cet ancien médecin et diplomate, a déclaré que si elle était élue, elle ne se laisserait pas dominer par les sentiments.Le candidat de la social-démocratie, Milos Zeman, se sentait à l'aise devant les parlementaires qu'il a souvent critiqué. Il a expliqué sa conception de la fonction présidentielle, ce que le chef de l'Etat devait faire et ne devait pas faire. Par exemple, il ne devrait pas faire la morale, critiquant les maux de la société, puisque lui-même fait partie du pouvoir exécutif. Il devrait soutenir ce qui est positif dans la société, lutter contre les tendances négatives.
Après les interventions à la tribune de certains députés et sénateurs, le premier tour des secondes présidentielles a eu lieu. A 14 heures, c'était la surprise : Milos Zeman ne passait pas au second tour, devancé par Jaroslava Moserova forte de sa majorité au Sénat. Le second tour, dont les résultats furent connus à 16.00 ne dégageait pas de vainqueur non plus. Vaclav Klaus remportait plus de voix, mais ne disposait pas de la majorité requise. Il était donc nécessaire de procéder à un troisième tour qui, lui non plus, n'a pas décidé du nouveau président de la République tchèque. Certaines impressions ont pu être recueillies par notre collègue, au Château.A propos de ses deux adversaires aux secondes présidentielles, Mme Jaroslava Moserova, vice-présidente du Sénat, a dit au micro d'Omar Mounir: "J'ai beaucoup de respect pour les deux mais je pense qu'ils ne sont pas le meilleur choix, aujourd'hui, pour notre pays."
Pavel Tigrid, journaliste et ex-conseiller du président Vaclav Havel, qui vit à Paris, a été aujourd'hui présent dans la salle, lors des secondes présidentielles. Quelles sont ses impressions de cette journée:
"Vous savez, la politique tchèque est jeune, très très jeune, c'est-à-dire il y a beaucoup de choses à désirer, en tout cas, c'est une élection régulière, démocratique, un peu bête."
Le député communiste, Miroslav Ransdorf, n'a pas caché sa déception concernant les secondes présidentielles:
"Je pense que sortir de cette crise provoquée par la position des sociaux-démocrates est très compliquée, très difficile, je pense que la solution est le 3e tour ou, plus tard, le suffrage universel."
Quelle était l'atmosphère au château de Prague pendant l'élection? Notre collègue Omar Mounir qui a suivi de près le déroulement de l'élection a évoqué pour vous le climat au Château...