Sensibiliser le public à l’importance de la mission tchèque en Afghanistan

Les quatre soldats ont été tués en Afghanistan, photo: ČTK

Mardi dernier, quatre soldats tchèques qui effectuaient une patrouille dans les environs de la base de Bagram, au nord de Kaboul, sont morts dans un attentat qui a fait douze autres victimes civiles. Cet événement tragique, qui a suscité un fort émoi en Tchéquie, a trouvé un large écho dans la presse locale. La première visite officielle du nouveau président slovaque, Andrej Kiska, en Tchéquie, a été également très suivie par les médias. Les deux récentes fêtes nationales, consacrées à Jan Hus et aux apôtres Cyrille et Méthode, ont inspiré des réflexions publiées sur les sites d’information en ligne, dont nous avons retenu quelques extraits. Enfin, le phénomène des piscines privées en Tchéquie sera le dernier sujet de cette revue de presse.

Les quatre soldats ont été tués en Afghanistan,  photo: ČTK
« Les quatre soldats ont été tués dans une guerre dont la fin est lointaine. Leur sacrifice nous invite à nous rappeler les risques qui persistent... » C’est ce que nous avons pu lire dans un texte de Jaroslav Spurný publié sur le site de l’hebdomadaire Respekt. L’auteur a également écrit :

« A ce jour, la Tchéquie a perdu vingt soldats dans les missions à l’étranger, dont cinq en Afghanistan. La mort des quatre jeunes hommes et la grave blessure d’un autre nous montrent hélas ce que que les soldats de l’armée tchèque savent depuis longtemps. S’engager dans une mission n’est pas un exercice lucratif, mais une mission à hauts risques qui peut mal tourner. Un tel sacrifice dans un pays lointain et dans un conflit sans issue soulève en même temps la question de savoir s’il est nécessaire que la Tchéquie participe à de telles missions. »

Une question à laquelle Jaroslav Spurný répond par l’affirmative, en rappelant tout d’abord la première raison de l’intervention en Afghanistan, à savoir défier le danger que représente le Taliban. Nul ne peut affirmer que le monde soit aujourd’hui, treize ans après, plus sûr, car les menaces liées à l’Afghanistan n’ont pas disparu. Toutefois, pour l’auteur, la mort des soldats tchèques n’a pas été inutile, puisque, pense-t-il, « on ne pouvait pas agir autrement ». Il ajoute à ce propos :

« J’ai récemment visité sur place l’unité militaire tchèque et je sais que les soldats sont conscients qu’ils risquent de mourir à chaque instant. Ils ne réfléchissent pas dans le contexte de la politique internationale ou de l’aspect sécuritaire de la République tchèque. Ils savent que la mort au combat peut arriver à tout moment. C’est pour cette raison qu’eux comme leurs proches méritent notre respect. »

Dans un texte publié sur le site idnes.cz, Jan Wirnitzer observe que la mort des quatre soldats tchèques en Afghanistan ravivera dans le pays la polémique relative aux intérêts que les militaires tchèques défendent dans ce pays lointain. C’est pourquoi il estime qu’il serait souhaitable d’ouvrir un débat sérieux pour sensibilier l’opinion publique à cette question, un débat allant à contre-courant des contributions malveillantes, superficielles, voire fanatiques, qui apparaissent sur internet et sur les réseaux sociaux.

Andrej Kiska perçu en Tchéquie comme un grand espoir politique

Andrej Kiska et Miloš Zeman,  photo: ČTK
« Le nouveau président slovaque, Andrej Kiska, apporte à Prague une vision de la politique différente de celle symbolisée par le Premier ministre Robert Fico ou de celle en Tchéquie symbolisée par le président Miloš Zeman. Prudent dans la gestion de ses affaires, Andrej Kiska ne risque pas non plus de conflit d’intérêts, comme c’est le cas de son compatriote Andrej Babiš, ministre des Finances en République tchèque ». Tel est, résumé, le contenu de l’article publié dans le quotidien économique Hospodářské noviny, dans lequel son auteur, Martin Ehl, commente la première visite d’Andrej Kiska en République tchèque :

« Le nouveau président slovaque, qui, fidèle à une tradition vieille de vingt ans, effectue sa première visite officielle en Tchéquie, suscite plus d’intérêt que de doutes. Un mois après son investiture, il apparaît comme une sorte de ‘bon ange politique’ pour la Slovaquie, ce qui ne se traduit non seulement par des gestes sympathiques, comme par exemple en se promenant au milieu de la foule lors de son investiture ou en offrant un dîner aux sans-abris et aux représentants des ONG, mais aussi par des actes concrets. »

Martin Ehl explique que, dès le premier jour, Andrej Kiska a décidé de mener un sérieux duel politique avec son rival, Robert Fico, dont le parti Smer dispose de la majorité parlementaire, notamment en ce qui concerne la justice. Il écrit également :

« On ne peut pas dire qu’Andrej Kiska présente uniquement des traits positifs et qu’il ne remporte que des succès. Mais l’important est que son élection et ses premières démarches montrent que faire valoir un autre style et un autre contenu de la politique est possible. C’est un style qui dénonce les tendances populistes et de corruption ».

Martin Ehl considère qu’Andrej Kiska représente un grand espoir politique non seulement pour la Slovaquie, mais aussi plus généralement pour l’ensemble de l’Europe centrale. Il souligne qu’un rôle important dans cette tâche revient aux conseillers que le président slovaque a choisis en évitant soigneusement les anciennes élites, tant à droite qu’à gauche.

Jan Hus et Cyrille et Méthode nous rappellent « l’analphabétisme religieux » tchèque

La liturgie en commémoration de Maître Jan Hus,  photo: ČTK
« Le génie que l’on aurait dû oublier » : tel est le titre d’un commentaire publié sur le site aktualne.cz dans lequel Jana Šilerová, femme évêque de l’Eglise hussite, se penche sur certains aspects du legs de Maître Jan Hus, brûlé vif comme hérétique à Constance le 6 juillet 1415, cette date étant commémorée en Tchéquie comme une fête nationale. Selon Jana Šilerová, « des siècles après le mégaconcile de Constance, la cause de ce prêtre tchèque apparaît plus vivante qu’on n’aurait pu le croire à l’époque... ». Dans ce contexte, elle écrit :

« On peut imaginer ce que Jan Hus, qui voulait réformer l’Eglise afin de la faire revenir à ses origines, penserait par exemple de la question actuelle des restitutions des biens à l’Eglise. D’autant plus quand on sait comment celle-ci a acquis ces biens au cours de l’histoire... Peu importe que Hus ne soit pas canonisé. La voix de celui qui devait être oublié se fait aujourd’hui tout de même entendre plus fort que jamais dans l’ensemble de l’univers ecclésiastique. »

Pour le 600e anniversaire de la mort de Jan Hus l’année prochaine, Jana Šilerová affirme s’attendre à une profonde polémique historique et spirituelle sur la doctrine de cet illustre réformateur tchèque, une politique dépourvue de dogmes et de concepts préconçus...

Cyrille et Méthode,  photo: Palickap,  CC BY 3.0 Unported
Le jour anniversaire de l’arrivée des apôtres Cyrille et Méthode en Grande-Moravie, le 5 juillet 863, date qui figure dans le calendrier tchèque également comme une fête nationale, a donné lieu à une longue réflexion. Rédigée par Martin Kočí et publiée sur le site ceska-pozice.cz, elle porte sur l’état de la religion dans la société tchèque. En voici un bref extrait :

« La compréhension était un des objectifs des deux apôtres slaves qui nous ont apporté le christianisme... Si l’on examine la place de la religion dans la société tchèque contemporaine, la compréhension apparaît comme une question-clé. La République tchèque est régulièrement présentée comme un des pays européens les plus sécularisés, c’est-à-dire les moins religieux. Mais les Tchèques ne sont pas des adversaires absolus de la religion. Ce qui prédomine chez eux, c’est leur analphabétisme religieux et l’absence de la volonté de comprendre. »

Pour l’auteur de l’article, les représentants religieux eux-mêmes ou les débats populistes et simplistes menés autour des restitutions des biens aux Eglises sont probablement responsables de cette situation qu’il qualifie de « triste ». L’aversion à l’égard de la religion nourrie pendant le régime communiste jouerait, aussi, un rôle important.

L’amour des Tchèques pour les piscines privées confronté à l’impératif d’économies d’eau

Photo: Google Maps
Dans un article publié sur le site aktualne.cz, Martin Fendrych remarque que les Tchèques, qui ne sont pas habitués à faire des économies d’eau, seront bientôt amenés à changer certaines de leurs habitudes, l’eau devenant une matière première de plus en plus rare. Il précise :

« Il ne pleut pas comme il faut. Il n’y a pas assez d’eau dans les rivières et dans les ruisseaux. Cet hiver, il n’a presque pas neigé. Le niveau des nappes phréatiques baisse. Il est donc évident qu’il faut désormais traiter l’eau autrement que jusqu’à présent pour l’apprécier à sa juste valeur. »

Dans ce contexte, l’auteur de l’article prête attention plus particulièrement au développement des piscines privées. Il note à ce sujet :

« Concernant l’achat et l’utilisation des piscines privées, les Tchèques sont des champions à l’échelle mondiale. Avoir une piscine semble être devenu une norme dans ce pays, un signe de prestique et de réussite sociale. Les Tchèques achètent des dizaines de milliers de piscines. La quantité d’eau que le remplissage de celles-ci nécessite chaque année permettrait, selon certaines estimations, de remplir deux grands lacs. Pour la majorité des piscines privées, il s’agit d’eau potable. »

Ce dit, la consommation d’eau en Tchéquie, avec 88 litres par jour et par habitant, ne dépasse pas la moyenne européenne. Comme le souligne Martin Fendrych, cela ne signifie pas pour autant que les sources d’eau sont inépuisables. Mettre l’accent sur la nécessité d’économiser apparaît donc désormais comme un impératif.