Soirée consacrée à Ernest Denis, « parrain » des Tchèques au début du XXe siècle
C'est à l'Institut français de Prague, rue Stepanska, portant toujours le nom d'Ernest Denis, que s'est tenue, mardi soir, une conférence autour de cet historien français passionné par l'histoire de la Bohême et grande figure des relations franco-tchèques du début du XXe siècle. Tomas Chrobak, lui aussi historien, est co-auteur d'un livre bilingue sur Ernest Denis, publié par l'association des amis de la France ASSO'90. Comment Ernest Denis est-il arrivé à Prague ? Tomas Chrobak :
Il paraît qu'à l'origine de sa toute première venue à Prague, il y avait son désir d'apprendre l'allemand, c'est vrai ?
«C'était plutôt sa volonté de se dépayser. Sa génération a compris qu'après la défaite dans la guerre franco-prussienne, la France ne pouvait plus s'isoler, se replier sur elle-même. Elle devait s'intéresser aux autres peuples de l'Europe, y compris les Slaves.»
Qu'appréciez-vous particulièrement chez Ernest Denis ?
« Il était quelqu'un d'authentique qui cherchait toujours son propre chemin, dans la science comme dans la vie. »
Un autre regard sur Ernest Denis, disparu en 1921, celui de l'ancien ambassadeur tchèque en France et publiciste Petr Janyska :
« Ernest Denis était un personnage mythique pour les Tchèques. En France, il a été très peu connu, c'était un historien, quelqu'un qui a pris certaines positions politiques, il y en a eu des dizaines, des centaines de gens comme lui. Mais... puisqu'il s'intéressait à l'histoire tchèque, il a écrit quelques livres à ce sujet traduits tout de suite en tchèque et devenus emblématiques chez nous, et puisque la France a été un pays où l'exil tchécoslovaque, avant 1918, a été très important, et, enfin, parce que les Tchèques voyaient en lui leur avocat et parrain à Paris, en France, le résultat c'est qu'en 1918, quand la Tchécoslovaquie a été fondée, de nombreux Tchèques et Slovaques ont souhaité que E. Denis devienne le président de la République, ce qui n'a pas eu lieu... Mais on a baptisé l'une des plus grandes gares de Prague d'après son nom, on lui a érigé un grand monument au centre de la Vieille-Ville etc. A Prague, chaque lycéen le connaissait et avait lu ses livres. »