Surpoids, alcool, tabac : l’hygiène de vie des jeunes Tchèques se détériore
Pas assez d’activité physique, trop de télé et d’ordinateur, de mauvaises habitudes alimentaires : une étude réalisée sous l’égide du bureau Europe de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) n’est pas à l’avantage des élèves tchèques, dont beaucoup seraient menacés par le surpoids et l’obésité. D’autant plus que la jeunesse tchèque est également à la pointe en Europe pour ce qui est de la consommation d’alcool, de cigarettes et de cannabis.
« Si le style de vie tel qu’il est à l’heure actuel ne change pas, nous aurons en Europe, autour de l’année 2050, une croissance très importante des maladies non-infectieuses chroniques, c’est-à-dire des maladies cardio-vasculaires ou des maladies oncologiques. »
Ce style de vie, c’est une insuffisance prononcée en activités physiques, insuffisance qui concerne les quatre cinquièmes des enfants tchèques. Des jeunes qui seraient fautifs de ne pas suivre la recommandation de l’OMS de cumuler au moins une heure d’activité physique même modérée par jour. Un style de vie qui a été bouleversé par l’arrivée massive des appareils connectés, de telle sorte qu’un quart des enfants tchèques passent désormais quotidiennement plus de six heures devant un écran d’ordinateur. Ils sont autant, 25%, à être en situation de surpoids ou d’obésité, une proportion comparable à la moyenne des pays voisins. Pourtant, dans le cas tchèque, c’est la tendance qui est inquiétante, ainsi que le souligne Michal Kalman, qui se trouve être professeur à la Faculté d’éducation physique de l’Université Palacký d’Olomouc :« Cette enquête HBSC est réalisée en République tchèque depuis 1993 et nous observons, ces dix ou quinze dernières années, une baisse lente mais certaine du niveau d’activité physique. Il y a quinze ans, nous étions dans ce domaine parmi les meilleurs comparativement aux autres pays. Aujourd’hui, nous sommes dans la moyenne mais notre niveau ne cesse de baisser. Dans les autres pays, le niveau d’activité physique augmente modérément, très modérément même, mais il augmente. En République tchèque, il ne cesse de baisser. »
Outre les nouvelles pratiques liées aux écrans connectés, les causes de cette déconfiture sont identifiées alors que moins d’un tiers des Tchèques pratiquent une activité sportive régulière, ce qui les place dans la queue du peloton européen. L’Etat tchèque ne consacre pas assez d’argent pour le sport ; même si les professionnels peuvent bénéficier d’infrastructures de très bonnes qualités, ce n’est absolument pas le cas pour les amateurs. Michal Kalman fait également le constat de villes tchèques conçues et pensées pour la circulation automobile et pas pour les piétons ou les cyclistes. Le ministère de l’Education dit avoir conscience du problème et prévoit, avec le soutien du premier ministre et du ministère des Finances, de dépenser 220 millions d'euros (6 milliards de couronnes) pour favoriser la pratique du sport chez les enfants et pas seulement à l’école.Mais au-delà du manque d’activité sportive, l’enquête de l’OMS pointe également du doigt les mauvaises habitudes alimentaires des jeunes tchèques, dont seulement un cinquième partage le dîner en famille. Il faut croire que le « rohlík » et la « houska », les incontournables petits pains de la boulangerie tchèque, n’ont pas bonne presse auprès des enfants de 13 ans, puisque la moitié d’entre eux ne prend pas le temps de petit-déjeuner.
Enfin, il y a tout de même quelques domaines où les jeunes tchèques sont parmi les champions en Europe. Par exemple, un cinquième des adolescents de 15 ans disent fumer ; ils sont seulement devancés par leurs camarades hongrois pour la consommation d’alcool ; et un tiers d’entre eux ont déjà expérimenté la ganja. (Pour plus d’informations sur la crise que traverse le sport en République tchèque, se rapporter aux deux intéressantes rubriques consacrées par Guillaume Narguet au sujet :
http://www.radio.cz/fr/rubrique/sport/economie-le-sport-tcheque-au-bord-du-gouffre-1ere-partie
http://www.radio.cz/fr/rubrique/sport/le-sport-tcheque-au-bord-du-gouffre-2nde-partie-1)