Svetlana Tikhanovskaïa a été la bienvenue à Prague
Cette nouvelle revue de la presse de la semaine écoulée propose d’abord une analyse de l’orientation internationale de la Tchéquie en lien avec la visite de Svetlana Tikhanovskaïa, la cheffe de l’opposition biélorusse, à Prague. Le monde après la pandémie, le refus de la vaccination tous azimuts, la crise de la gauche ou même encore la taille croissante des Tchèques sont les autres sujets à son sommaire.
« Il y a dix-huit ans encore, la situation politique en Tchéquie pouvait encore être considérée comme normale. » C’est ce que l’on pouvait lire dans le quotidien Deník, qui est revenu sur la visite à Prague, cette semaine, de Svetlana Tikhanovskaïa, principale figure de l’opposition au régime d’Alexandre Loukachenko en Biélorusie. L’auteur explique :
« A l’époque, nous avions un président, un gouvernement et un parlement qui étaient sur la même longueur d’ondes sur des dossiers aussi fondamentaux que l’orientation pro-occidentale de notre pays et l’appartenance de celui-ci à l’Union européenne et à l’OTAN. La protection des droits de l’homme dans le monde en était une constituante importante. Mais ce qui était évident sous la présidence de Václav Havel a progressivement cessé de l’être avec ses successeurs au Château de Prague, Václav Klaus et Miloš Zeman. Václav Klaus a voté contre l’adhésion du pays à l’UE et continue de mettre tout en œuvre pour affaiblir notre participation au projet européen. »
La visite de Svetlana Tikhanovskaïa, que l’auteur de Deník présente comme « la présidente biélorusse », a fait remonter quelques souvenirs à la surface en République tchèque, comme un air de temps révolus :
« Il n’y a pas que le brave président du Sénat Miloš Vystrčil qui s’est récemment opposé à la puissante Chine en se rendant à Taïwan. Le Premier ministre Andrej Babiš et le président Miloš Zeman ont eux aussi exprimé leur soutien à une Biélorussie libre et reconnu Tikhanovskaïa, qu’ils ont reçue, comme la leader de l’opposition. Cela faisait longtemps que la Tchéquie n’avait plus parlé d’une seule et même voix, une voix qui peut être définie comme ‘la voix de Havel’. Aussi court ce moment d’unité a-t-il été, il a été magnifique. Comme dans un rêve ».
La pandémie de coronavirus et le monde d’après
Tout le monde espère que l’épidémie de coronavirus touche à sa fin. Et même si l’on ne connaît pas la date précise de la sortie de la « prison pandémique », il convient de réfléchir dès à présent à ce que sera le monde d’après. Sera-t-il foncièrement différent ? Ou reviendrons-nous à nos anciennes habitudes comme si rien ne s’était passé, sans tirer de leçons ? L’hebdomadaire Respekt a consacré un numéro spécial à ce sujet, et dans l’éditorial on peut lire ici :
« Nous nous sommes rapidement habitués à certaines choses comme s’il n’y avait pas eu de confinement. Mais il y en a aussi d’autres auxquelles nous avons plus de mal à nous réadapter. Pour certains, il est par exemple difficile de tenir une conversation décontractée, dans la rue ou au travail. Et il y a des questions bien plus graves auxquelles il est difficile de répondre. Pourrons-nous de nouveau nous déplacer comme avant ? Quelle sera notre réception des informations dans les médias ? Serons-nous plus proches ou au contraire plus éloignés les uns et les autres ? »
Respekt propose des entretiens avec différents experts, journalistes et même un visionnaire, et présente des ouvrages qui offrent des regards inédits sur l’avenir. « Il ne s’agit là que du lancement d’un grand débat, car les questions vont se multiplier, tout comme d’ailleurs leurs interprétations », remarque le magazine.
Un certain bon sens que Tchèques et Slovaques ont encore en commun
« Nous ne voulons pas de vaccinnation tous azimuts. L’opératiom hybride Spoutnik V s’est heurtée au bon sens des Tchèques et des Slovaques. » Tel est le titre d’un commentaire publié dans le quotidien économique Hospodářské noviny, qui développe plus loin l’idée suivante :
« La Slovaquie a commencé à administrer le vaccin non autorisé Spoutnik V, destiné aux personnes âgées de moins de 60 ans. Mais pour l’heure, seuls quelques milliers de Slovaques (6 000 en début de semaine) sont prêts à se faire injecter le sérum russe, très loin de ce qu’envisageait l’ancien Premier ministre Igor Matovič. On peut imaginer que la réaction aurait été identique en Tchéquie si le vaccin y avait été livré aussi, comme le souhaitait le président Miloš Zeman. »
« Il s’avère que tout le spectacle autour du Spoutnik V n’était rien d’autre qu’une nouvelle opération hybride qui visait à fragiliser les pays occidentaux », écrit le commentateur. Le vaccin russe a été adopté uniquement en Hongrie, tandis qu’il a semé le chaos en Slovaquie et en Tchéquie avec d’un côté une crise gouvernementale et la démission du Premier ministre et de l’autre la révocation du ministre de la Santé Jan Blatný.
« La bonne nouvelle », toujours selon le commentateur, « c’est que les sociétés tchèque et slovaque ne se sont pas laissées embobiner par le vaccin russe. Les gens ont compris que ceux qui prônaient une ‘vaccination tous azimuts’ ne se souciaient pas de la santé, mais cherchaient à promouvoir le régime russe. Cela donne à espérer que Slovaques et Tchèques, face aux opérations hybrides, continueront à faire preuve de bon sens y compris à l’avenir. »
La crise de la gauche
« Pourquoi la gauche occidentale traverse-t-elle une profonde crise et comment peut-elle en sortir ? », s’interroge le quotidien Deník N. Son auteur constate que la gauche démocratique, et notamment la social-démocratie, est sur la défensive. Pourtant, selon lui, deux événements récents montrent, chacun à leur manière, comment elle pourrait retrouver un second souffle :
« Il faut d’abord retenir l’important succès du président américain Joe Biden dans sa volonté d’introduire un impôt mondial unique sur les bénéfices des grandes corporations internationales, et ce avec l’aval du G7. C’est là un bon exemple de ce que la gauche démocratique devrait faire pour se sauver. »
L’adoption de la nouvelle loi migratoire au Danemark, pays dirigé par un gouvernement social-démocrate minoritaire, apparaît dans ce contexte comme un autre événement marquant, bien que foncièrement différent. Le commentateur explique :
« Cette loi, qui ne suit pas la ligne des tentatives de l’UE de créer une politique d’asile commune, va à l’encontre des principes appliqués jusqu’à présent. Il s’agit là probablement d’une volonté d’absorber certaines revendications des populistes nationalistes pour les affaiblir et d’un glissement vers un ‘socialisme conservateur’. Cet essai pourrait renforcer la gauche. Mais cette tendance est aussi dangereuse car, dans le passé, une liaison de la gauche avec le conservatisme et le populisme nationaliste a mal tourné en Europe. »
Les Tchèques grandissent
Les Tchèques grandissent. Concrètement de cinq centimètres depuis la fin des années 1980. C’est ce qui ressort d’une recherche complexe effectuée par l’Institut d’antropologie de Brno dans le cadre du projet ADAPT. « La taille de la population tchèque approche de la moyenne en Europe occidentale », rapporte le quotidien Lidové noviny, qui s’est intéressé de plus près à cette étude :
« Cette évolution est le fruit des changements survenus après la chute du régime communiste et elle va de pair avec la modification d’autres proportions physiques de la population tchèque. Elle toucherait également, mais dans une moinde mesure, les visages. »
Dans le passé, les mesurations destinées à défénir la taille tchèque « moyenne », étaient relativement fréquentes. La dernière en date remontait à la première moitié des années 1980. Lidové noviny indique que la pandémie de Covid a permis de mettre à jour le déficit en matière de connaissance des proportions physiques de la population tchèque, celle-ci s’étant avérée nécessaire pour la fabrication des masques pour les enfants et de vêtements de protection pour le personnel de santé.