Tomáš Petříček nommé ministre des Affaires étrangères
Le président tchèque a officiellement nommé ce mardi au poste de ministre des Affaires étrangères le candidat du parti social-démocrate, Tomáš Petříček. Cette nomination intervient trois mois après la formation et la nomination du gouvernement de coalition d’Andrej Babiš, alors que le chef de l’Etat tchèque avait dès le début rejeté le premier candidat pressenti.
Mi-septembre, pourtant, le leader des sociaux-démocrates Jan Hamáček a finalement décidé de sortir de cette situation de blocage et proposé la candidature de Tomáš Petříček, 36 ans, déjà vice-ministre des Affaires étrangères, et ancien assistant de Miroslav Poche au Parlement européen. Début octobre, le futur nouveau chef de la diplomatie a été reçu au Château de Prague par le président tchèque qui a adoubé sa candidature. Au micro de la Radio publique tchèque, le nouveau et tout jeune ministre des Affaires étrangères a détaillé ses priorités :
« J’aimerais clairement définir la place de notre pays en Europe et dans l’espace transatlantique. Je pense que nous avons trois priorités de base : la continuité de notre politique étrangère, une politique étrangère consensuelle et enfin une politique étrangère qui doit être cohérente. »
Une politique étrangère qui fasse consensus et qui soit cohérente, et pour ce faire, Tomáš Petříček a d’ores et déjà annoncé qu’il consulterait fréquemment le président tchèque à propos de son travail, rejetant l’idée d’un interventionnisme handicapant et limitant sa marge de manœuvre. « Se présenter de manière unanime » en termes de politique étrangère, tel est le credo du nouveau ministre, cherchant sans doute à faire oublier trois mois d’une situation provisoire au palais Černín. Une situation provisoire dont a bien profité le Premier ministre Andrej Babiš, selon le commentateur du site Info.cz, Petr Holec :
« Pendant trois mois, la social-démocratie a de facto délégué la diplomatie tchèque au Premier ministre et leader du mouvement ANO Andrej Babiš, ainsi qu’au président Zeman. Le ČSSD a laissé Andrej Babiš dicter l’agenda de la politique étrangère. Officiellement, Jan Hamáček était temporairement chef de la diplomatie, mais il a été invisible pendant toute cette période et c’est Andrej Babiš qui s’est rendu aux sommets de l’UE. Ce qui a changé, c’est qu’autrefois la politique étrangère n’intéressait pas grand-monde et surtout elle n’était pas décisive par rapport aux élections. Aujourd’hui, la politique étrangère, notamment la question migratoire, est décisive pour les scrutins. La social-démocratie a renoncé à son premier candidat, elle a laissé la diplomatie à son concurrent direct, et aujourd’hui Tomáš Petříček doit monter dans un train en marche depuis trois mois. »Cette situation de départ compliquée, Tomáš Petříček semble désireux de la conjurer dès à présent : il a annoncé vouloir consulter, en matière de politique étrangère, des experts « hors les murs », comme des personnalités du monde académique et des spécialistes en relations internationales. Parmi ces « experts », il a fait savoir qu’il ne renoncerait pas à s’adresser à Miroslav Poche, en sa qualité de député européen et donc de connaisseur des questions européennes.
Alors que, comme le relevait Petr Holec, la question migratoire reste un des sujets épineux des relations entre la République tchèque (et les autres pays du groupe de Visegrád) et Bruxelles, Tomáš Petříček affiche une position qui ne diffère pas de celle du gouvernement ou du président tchèque : rejet des quotas migratoires et nécessité d’aider les pays d’où partent les réfugiés, sur place :
« J’en ai parlé lundi avec mes collègues lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères au Luxembourg. Je pense qu’ils comprennent que l’on doit en faire davantage sur place, dans des pays comme la Jordanie, le Liban ou la Turquie, afin d’aider les réfugiés, afin d’améliorer leur vie quotidienne dans les camps de réfugiés. Notre objectif est de stabiliser les pays d’où ils proviennent et faire en sorte qu’ils restent chez eux. »
Une position de principe qui vient répondre aux critiques exprimées ce week-end par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, dans les pages du quotidien Le Monde. Ce dernier y avait qualifié de « scandaleux » le refus par les pays d’Europe centrale d’accepter sa proposition d’accueillir au moins les enfants réfugiés non accompagnés, sans famille et dénoncé les discours populistes surfant sur les thématiques anti-islam.