Tournée de la chanson francophone (suite)
Karin Clercq et Fabiola Toupin... Deux auteurs et interprètes qui ont donné une touche belge et québécoise, à la tournée de la chanson francophone en République tchèque. Le public du théâtre Archa, ils l'ont charmé par leur présence sur scène, leur tempérament et leur manière de raconter les vies et les émotions des autres, de se raconter elles-mêmes...
Si la Bruxelloise Karin Clercq a été révélée, en tant que chanteuse, en 2002, par son album Femme X, elle continue depuis à dépeindre les destins de celles (et de ceux) qu'elle admire et observe au jour le jour. Par exemple dans la chanson Taslima, qu'elle a interprétée à Prague, Karin Clercq rend hommage à Taslima Nasreen, journaliste et écrivain du Bangladesh, interdite de séjour dans son pays pour avoir dénoncé l'asservissement des femmes dans certains pays musulmans. Karin Clercq...
« Femme X, c'est un titre qui regroupe tout un tas de portraits de femmes anonymes, allant de la gamine à la vieille dame, en passant par une fille de l'Est... Mais ce n'est pas destiné seulement é un public féminin. Je pense que les hommes sont touchés aussi, parce qu'il y a un... je ne veux pas dire un mode d'emploi pour comprendre la femme, mais... une vision féminine, pas féministe... Féminine, pour moi, ça a dépassé le féminisme, représenté par la génération de ma mère. Parce que la parité entre hommes et femmes, elle est déjà acquise, je pense. Pas partout, évidemment, il y a encore du travail... En tout cas, je ne cherche pas à agresser ou à mettre en déséquilibre l'homme. »
« Je viens plutôt du théâtre, je suis comédienne. Et puis, à un moment, j'ai croisé un musicien breton. On travaillait sur un court métrage, dans lequel je devais jouer et interpréter une chanson. C'était une sorte de coup de foudre artistique ! Du coup, j'ai commencé à écrire des morceaux, mais je ne pensais pas que j'allais un jour sortir un disque. Puis, de fil en aiguille, on a trouvé une maison de disques, mon disque est sorti, donc je me suis retrouvée un peu 'chanteuse par accident'. Quand j'ai commencé, je n'avais jamais vraiment chanté et je n'avais pas de voix. Sur mon premier album, elle est très fragile. Mais en même temps, je crois que c'est ça qui a touché le public. Les textes, parlant d'éléments très émotionnels... Bon, maintenant, cela fait quatre ans que je travaille ma voix, mais ça reste toujours brut au niveau vocal. On sent que je viens du théâtre. Ce qui est le plus important, ce sont les textes. »
On ne s'attendait pas à ce qu'une chanteuse québécoise viennent à Prague avec des rythmes latins. Fabiola Toupin l'a fait et le public du théâtre Archa l'a plus qu'apprécié. On l'écoute :
« Curieusement, même si je viens du Québec, mon parcours artistique a débuté en découvrant tout le répertoire d'Edith Piaf et de Jacques Brel. Par la suite, j'ai fait la rencontre d'auteurs et de compositeurs qui ont su bonifier mon répertoire avec leurs mots et créations. La possibilité de chanter des textes écrits pour moi m'a permis de découvrir ma voix... Ensuite, je me suis mise, moi-même, à écrire, à avoir beaucoup plus de collaborations. Etant donné que je viens d'une ville où la poésie est très présente, j'aime mettre en musique, avec mes amis compositeurs, des poèmes choisis des poètes contemporains de ma régions qui est Trois rivières. Sinon, le côté latin est très présent dans ce que je fais : au niveau de la musique et aussi, parfois, de la langue. J'interprète, par exemple La foule d'Edith Piaf qui est, au départ, une valse péruvienne. Je la chante dans sa version originale et en français. C'est intéressant de voir d'où c'est parti et qu'est-ce que c'est devenu. »