Traité de Lisbonne : le Premier ministre tchèque s’en prend à la position de la France
Le président français Nicolas Sarkozy se trouvait en Irlande, lundi, pour s’enquérir des raisons du rejet irlandais du Traité de Lisbonne. Dans le même temps, à Prague, le Premier ministre tchèque a répété que la ratification du traité réformateur des institutions de l’UE n’était pas indispensable à l’élargissement des Vingt-sept à la Croatie. Selon Mirek Topolánek, le traité de Nice actuellement en vigueur suffit à cela.
Lundi, le Premier ministre a rencontré les deux membres de son gouvernement responsables de la politique extérieure du pays afin de faire le point avec eux notamment sur ces deux dossiers délicats. Il s’agit de Karel Schwarzenberg, ministre des Affaires étrangères, et d’Alexandr Vondra, en charge, lui, des affaires européennes. A la sortie de cette réunion, Mirek Topolánek a toutefois réfuté l’idée selon laquelle le sort des deux dossiers pouvait faire l’objet d’un marché :
« Jamais, je le répète, je n’ai lié la ratification du Traité de Lisbonne à celle du radar. J’ai seulement dit qu’une partie des députés et des sénateurs du Parti civique démocrate pourrait avoir des problèmes à voter en faveur de la ratification du Traité de Lisbonne si l’accord sur le radar n’était pas ratifié. Personnellement, je me suis prononcé en faveur de la ratification de chacun de ces traités, qu’il s’agisse du Traité de Lisbonne ou des deux accords relatifs à l’implantation du système de défense antimissile sur notre territoire, autrement dit le radar. »
Début juillet, suite à la signature à Prague de l’accord avec les Etats-Unis sur le radar, le chef du gouvernement avait déclaré que la ratification du Traité de Lisbonne par certains membres du Parti civique démocrate dont il est le leader pourrait dépendre de la ratification ou non de l’accord sur le radar.Lundi, Mirek Topolánek s’est également attaqué à la position défendue par la France, selon laquelle l’élargissement de l’UE à la Croatie ne serait pas possible sans la ratification du Traité de Lisbonne. Nicolas Sarkozy avait d’ailleurs insisté sur ce point lors de son passage à Prague début juin. « De la part de la France, il s’agit, je ne veux pas parler de chantage, mais d’une forte pression », a ainsi indiqué le Premier ministre tchèque, en précisant que le Traité de Lisbonne et l’élargissement sont des questions qui concernent les vingt-sept Etats membres et pas seulement la France, malgré son statut de pays président de l’UE.
Par ailleurs, Mirek Topolánek a rappelé que le document adopté à Nice en 2000 tenait déjà compte de l’intégration de la Bulgarie et de la Roumanie. Il ne voit donc pas de raison à ce que ce même Traité de Nice ne puisse pas également permettre l’adhésion de la Croatie, une des priorités de la République tchèque en matière d’affaires européennes.