Travailleurs du Népal, des Philippines ou d’Inde, bienvenue en Tchéquie !
Avec un taux de chômage qui s’élevait à 2,7% en août dernier, la République tchèque est en situation de quasi-plein-emploi, une situation difficile à gérer pour de nombreuses entreprises locales. Confrontées en effet depuis plusieurs années à une importante pénurie de main-d’œuvre, elles recrutent de plus en plus de travailleurs en provenance des pays tiers, non membres de l’Union européenne. Il s’agit là non seulement d’ouvriers originaires des anciennes républiques soviétiques, mais aussi, de pays bien plus lointains, tels que le Népal, les Philippines ou la Mongolie.
« J’ai décidé de venir en Tchéquie, parce qu’il existe ici beaucoup plus d’opportunités de travail et de possibilités de faire carrière. Par ailleurs, les salaires sont plus élevés ici: aux Philippines, je gagnais 15 000 pesos par mois, tandis qu’en Tchéquie, je touche le double. »
Le scénario est quelque peu différent lorsqu’il s’agit des travailleurs ukrainiens, très nombreux en Tchéquie et recherchés par des employeurs locaux : selon les données du ministère du Travail, un peu plus de 121 000 Ukrainiens travaillaient en République tchèque à la fin de 2018, soit environ 20 % du nombre total de travailleurs étrangers employés dans le pays. Profitant de l’importante pénurie de main-œuvre sur le marché du travail tchèque, les personnes en provenance d’Ukraine n’hésitent pas à demander des rémunérations bien plus élevées que le salaire minimum tchèque, comme le confirme Vitali qui travaille en Tchéquie comme maçon :
« Depuis que je travaille ici, j’ai gagné assez d’argent pour pouvoir construire une maison en Ukraine, où les salaires sont très bas. Ici, je peux gagner 40 000 couronnes (1 500 euros) par mois, même plus. »Les maçons figurent au top 10 des professions les plus demandées par les entreprises tchèques, au côté des magasiniers, des opérateurs, des chauffeurs de camion, des soudeurs ou encore des ouvriers sylvicoles. D’après Ondřej Wachal, directeur d’une entreprise du bâtiment, l’embauche des travailleurs ukrainiens devient problématique ces derniers temps :
« La communauté ukrainienne est très forte en Tchéquie. Il arrive souvent qu’une semaine après l’embauche, l’ouvrier ukrainien quitte le poste parce qu’on lui offre de meilleures conditions dans une autre firme, ou alors ces ouvriers se lancent dans un tout autre domaine de travail. L’effort que vous avez déployé pour les former est vain. »
Une raison pour laquelle l’entreprise dirigée par Ondřej Wachal se tourne désormais vers les travailleurs en provenance du Népal :
« Nous allons organiser un recrutement à distance, via Skype par exemple. Il faut que les candidats nous montrent ce qu’ils savent faire sur le chantier. Evidemment, c’est un défi pour nous, au niveau linguistique par exemple, parce que tout se passera en anglais. En plus, nous devrons nous occuper de ces personnes à leur arrivée en Tchéquie, les aider à trouver un logement, à s’intégrer. »Si, en 2018, les entreprises tchèques ont embauché, des dizaines de travailleurs originaires du Népal, de la Mongolie ou de l’Inde, cette année, ils ont été plusieurs centaines à débarquer en République tchèque à la demande de leurs employeurs locaux.
Une stratégie encouragée par l’Etat tchèque qui a récemment augmenté le quota des permis de travail délivrés aux travailleurs étrangers qualifiés. Outre les travailleurs ukrainiens qui pourront être jusqu’à 40 000 à être embauchés chaque année (au lieu de 20 000 actuels), plusieurs milliers de ressortissants de Serbie, du Monténégro, des Philippines, d’Inde, du Kazakhstan, de Mongolie et de Moldavie pourraient également affluer dans le pays, selon la Chambre de commerce de République tchèque. Celle-ci estime à un demi-million le nombre de postes vacants dans les entreprises du pays.