Trois prix Obie pour Vaclav Havel

Vaclav Havel, photo: CTK
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Trois prix Obie ont été remis au dramaturge et ancien président tchèque Vaclav Havel lors d'une cérémonie qui s'est tenue lundi à New York. Le retard avec lequel Vaclav Havel a reçu ces prix est considérable. En effet, la revue new-yorkaise The Village Voice, qui les attribue aux auteurs des meilleurs pièces présentées dans les petits théâtres non officiels (Off Brodway), avait décerné ces distinctions au dramaturge dissident en 1968, 1970 et 1984.

Wallace Shawn et Vaclav Havel,  photo: CTK
En ce temps-là, les autorités tchèques n'avaient pas permis à l'écrivain incommode d'aller chercher ses prix à New York. Il est pourtant venu à New York en 1968 pour une autre occasion. Débarqué à l'aéroport, il est allé directement au Public Theatre pour assister à la répétition de sa pièce « Le rapport dont vous êtes l'objet ». Et c'est grâce à cette comédie angoissante qu'il allait devenir lauréat de son premier prix Obie. Le deuxième prix Obie lui a été attribué en 1970 pour sa pièce « Plus moyen de se concentrer » et le troisième en 1985 pour « Vernissage ».

Actuellement, Vaclav Havel séjourne avec son épouse à New York sur l'invitation de l'Université de Columbia, ce qui lui a enfin permis de recevoir ces prix. La cérémonie devant une salle comble à New York a été précédée d'un débat de quatre dramaturges américains connus organisé par l'Université de Columbia dans le cadre d'un programme d'études consacré à Vaclav Havel. Le thème du débat, « Le théâtre et la citoyenneté », a permis aux participants de discuter des problèmes de la responsabilité de l'auteur dans le monde actuel. Le public a entendu les opinions du comédien et dramaturge Wallace Shawn, du dramaturge et triple lauréat du Prix Pullitzer Edward Albee, du dramaturge et scénariste de télévision Israel Horowitz et de la comédienne et dramaturge Anna Deavere Smith. En remerciant les participants, Vaclav Havel a expliqué que dans son théâtre il ne cherchait pas à donner des leçons, mais à formuler et à poser des questions. C'est à son avis la mission importante du théâtre actuel.

Vaclav Havel,  photo: CTK
Cette soirée a mis un point final au festival de toutes les pièces du dramaturge tchèque qui s'est déroulé pendant six semaines dans plusieurs théâtres new-yorkais. L'écrivain comblé n'a pas caché sa satisfaction. « Je sais qu'il n'est pas du tout courant que l'on joue toutes les oeuvres écrites par un auteur », a-t-il déclaré. Il n'a pas eu le temps de voir les 18 productions de ce festival, mais ce qu'il a vu n'a pas été sans surprise pour lui. Il a suivi avec un grand intérêt les représentations de ses pièces « Hôtel des cimes » et « Les conspirateurs ». « Les deux pièces ne sont pas très connues, et je les relègue moi-même au second plan. Et ici, j'ai été obligé de changer d'avis, a-t-il confié à l'agence CTK. « Les conspirateurs », pièce créée en Bohême il y a trente ans, a été prise ici comme si elle était écrite hier aux Etats-Unis et on s'est mis à y déceler la situation politique américaine de nos jours. Alors qu'est-ce qu'un auteur peut souhaiter de plus, quand sa pièce est plus intelligente que lui et quand, dans de nouveaux contextes, elle prend de nouvelles significations ? »

Interrogé sur la nouvelle pièce qu'il est en train d'écrire, Vaclav Havel a évité de donner de précisions sur cette oeuvre. Venu pour un séjour de travail, pour écrire, il a rencontré plusieurs fois aussi des étudiants. « Ce sont des jeunes qui ne savent pas ce que c'est le communisme, le rideau de fer et la division bipolaire du monde. Dans une certaine mesure j'évoque tout cela pour eux, je le leur explique », a-t-il dit.

L'ancien président tchèque restera à New York avec son épouse jusqu'à la fin de l'année et il sera ensuite invité, pendant deux mois, de la Bibliothèque du Congrès américain.