Ukraine : à Bakhmout, des volontaires tchèques apportent une aide médicale d’urgence

Bakhmout

Les villes de Soledar et de Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine, sont actuellement le point le plus chaud du conflit avec la Russie. Plusieurs volontaires tchèques travaillent dans l’hôpital de Bakhmout et apportent des soins d’urgence aux soldats ukrainiens blessés.

« Pourquoi est-ce que tu es-là ? Pourquoi es-tu venu nous aider ? C’est la question que l’on te pose partout, dix fois par jour, en Ukraine. Eh bien moi, je pense qu’il est extrêmement important de faire savoir aux Ukrainiens que nous ne les laissons pas se débrouiller tout seuls. Alors je réponds que j’ai un fils de 19 ans. Et je me dis que si je vais combattre aujourd’hui, peut-être que lui, il ne devra pas faire la même chose demain. »

Bakhmout | Photo: Martin Dorazín,  ČRo

Dan a une cinquantaine d’années. Marié et père de deux enfants, ce chauffeur de profession est revenu de Bakhmout avant Noël et compte y retourner dans quelques semaines. Entre-temps, il a participé à un cours spécial de médecine de guerre destiné aux volontaires et organisé dans un village de Bohême centrale.

Dan a passé trois mois dans la région de Donetsk, théâtre de lourds combats entre Russes et Ukrainiens. Il a expliqué au micro de la Radio tchèque :

Bakhmout | Photo: Martin Dorazín,  ČRo

« A Bakhmout, nous nous sommes surtout occupés de l’évacuation des blessés. Nous avons aussi assisté les médecins dans les salles d’opération. Heureusement, je l’ai plutôt bien supporté, même lorsque j’ai dû apporter les premiers soins aux soldats grièvement blessés, amputés… Ce qui était le plus difficile pour moi, c’était de voir ceux qui étaient blessés au visage, brûlés par exemple… Quand vous voyez le visage, c’est très personnel. »

La formation à la médecine de guerre | Photo: Ľubomír Smatana,  ČRo

Une dizaine d’hommes vient de se former à la médecine de guerre dans ce village tchèque anonyme. Ils apprennent notamment à arrêter les hémorragies, dégager les voies respiratoires, trouver les perforations thoraciques et à assurer la respiration, par exemple en décompressant les poumons à l’aide d’une longue canule. L’ancien soldat professionnel surnommé Mac fait partie, comme Dan, des dizaines de volontaires tchèques engagés en Ukraine, après avoir obtenu l’autorisation du président Miloš Zeman :

« Moi aussi j’ai travaillé récemment à l’hôpital de Bakhmout. Il est vrai que l’expérience de la guerre que l’on obtient sur place est unique. De telles connaissances, ça ne s’acquiert dans aucun cours spécial. Néanmoins, cette formation nous est très utile : on se perfectionne, on y apprend comment agir plus efficacement dans une situation d’urgence. »

La formation à la médecine de guerre | Photo: Guerilla Medicine Europe

Le cours est dispensé par les spécialistes des initiatives tchèques Guerrillamedicine.eu et Fénix (Phoenix) qui forment également les soldats ukrainiens aux soins d’urgence. Petr fait partie de cette équipe de formateurs :

La formation à la médecine de guerre | Photo: Ľubomír Smatana,  ČRo

« De nombreux soldats ukrainiens ne savent pas comment fournir des soins d’urgence pré-hospitaliers. Nous voulons les aider, leur apprendre à agir efficacement – en les formant en Ukraine, nous avons alors le même objectif qu’ici, avec les volontaires tchèques. »

Actuellement, Petr et ses collègues du projet Guerrillamedicine.eu collectent des fonds pour leur prochain voyage en Ukraine : ils veulent apprendre aux militaires des forces spéciales ukrainiennes comment conserver du sang et procéder à une transfusion sanguine sur le terrain. Une dizaine de volontaires tchèques qui viennent de passer Noël avec leurs familles et suivre la formation à la médecine de guerre organisent, eux-aussi, leur retour à Bakhmout.

La formation à la médecine de guerre | Photo: Ľubomír Smatana,  ČRo
Auteurs: Magdalena Hrozínková , Ľubomír Smatana
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