Législatives anticipées : les partis politiques en ordre de bataille
Suite au vote de la Chambre des députés mardi dernier, le président de la République Miloš Zeman signera l’acte de dissolution de la Chambre basse du Parlement le mercredi 28 août. Des élections législatives anticipées se tiendront donc probablement les 25 et 26 octobre prochains. Une intense campagne électorale de deux mois a ainsi déjà commencé, avec en ligne de mire pour les partis la résolution de la crise économique et sociale actuelle mais aussi la définition du pouvoir au sein du système politique tchèque.
Après sept ans de gouvernements dominés par les partis de droite, les sociaux-démocrates sont les grands favoris des prochaines élections. La situation économique du pays et la nécessité d’une plus grande justice sociale seront leur principaux angles d’attaque. Mais ils ne pourront probablement pas former un gouvernement sans l’appui d’autres forces de gauche comme les communistes (KSČM) ou bien le Parti des droits des citoyens (SZPO) du président Zeman.
Le deuxième groupe politique majeur en République tchèque, le parti civique-démocrate (ODS) très affaibli et miné en juin dernier par le scandale lié à l’ex Premier ministre Petr Nečas, se cherche un leader pour mener la campagne. Sénateurs et députés ne semblent pas encore avoir trouvé d’accord même si pour Jaroslav Kubera, le président du groupe ODS au Sénat, le choix est tout trouvé, ce sera Miroslava Němcova, la présidente d’une Chambre des députés qui ne sera bientôt plus :« L’ODS n’est pas en désaccord, pas même au sein du conseil exécutif. Il ne fait aucun doute que Miroslava Němcova sera le dirigeant de l’ODS lors des élections anticipées. »
C’est bien une autre force de droite qui pourrait lui ravir une grande partie de ses électeurs, le parti conservateur TOP 09. Avec une campagne menée par l’ancien ministre de la Santé Leoš Heger, cette formation se présente comme le gardien de la démocratie parlementaire et souhaite des résultats clairs et rapides afin d’éviter le vote d’un budget provisionnel pour 2014. Les libéraux du LIDEM, le troisième parti de l’ex-coalition gouvernementale ont quant a eux annoncé qu’ils ne présenteraient pas de candidats, laissant libre leurs membres de se joindre à d’autres formations politiques pour obtenir les suffrages des électeurs.
Cette dissolution remet sur les rails de la concurrence politique les partis non présents au Parlement. Les chrétiens-démocrates (KDU-ČSL) se sont préparés aux élections depuis plusieurs mois afin de retrouver une Chambre basse qu’ils ont quittée en 2010. D’autres groupes politiques se sont mis en ordre de bataille, tel le parti Ano 2011 du milliardaire Andrej Babiš. Ce parti au programme peu clair veut en finir avec une classe politique totalement décrédibilisée auprès des citoyens tchèques, comme l’explique son président :« Nous pensons que ces élections sont une grande opportunité pour les citoyens d’exprimer leurs vues aux partis et aux politiciens qui ont siégé à la chambre depuis vingt ans, et qui ont toujours promis mais n’ont rien fait pour eux. »
Au cours d’une campagne courte, c’est probablement l’irrationnel et l’émotion qui vont l’emporter sur la réflexion et le débat argumenté autour des thèmes qui préoccupent la société tchèque, comme la croissance économique, la réduction du chômage et l’importance de la cohésion sociale. Pour le président du parti des Verts, Ondřej Liška, cette campagne devra aussi être axée sur un problème politique crucial :« Nous avons besoin d’empêcher la très dangereuse tendance du président Zeman à transformer le système politique en une sorte de système semi-présidentiel autoritaire construit sur le populisme. »
C’est bien aussi de la place du président de la République, grand gagnant des derniers mois de turbulence politiques, dont il sera question lors des deux prochains mois.