Un nouveau départ pour le Parti civique démocrate ?
Le Parti civique démocrate (Občanská demokratická strana, ODS), formation de droite autrefois la plus importante en République tchèque, a dominé la scène politique jusqu’au scandale de corruption ayant abouti à la démission du gouvernement de Petr Nečas en juin dernier. Lors de son 24e congrès ce wee-kend, le parti s’est donné l’ambition d’insuffler du renouveau dans ses rangs, afin de renforcer sa crédibilité perdue.
Le dernier congrès du Parti civique démocrate, qui s’est déroulé à Olomouc, s’est achevé dimanche avec un changement complet à la tête du parti. Aucun membre de la direction précédente n’a réussi à accéder à des postes à responsabilité. Ainsi, c’est Petr Fiala, ancien ministre de l’Education sous le gouvernement Petr Nečas, qui a été élu nouveau président du parti. Cinq vice-présidents ont par la suite été élus : l’eurodéputé Jan Zahradil, le maire d’Olomouc Martin Novotný, le sénateur Miloš Vystrčil, l’eurodéputé Evžen Tošovský et le maire de Líbeznice, Martin Kupka. Quelque peu après son élection, Martin Novotný, un des vice-présidents, a fait remarquer quant à l’heure tardive à laquelle s’est terminé le congrès :
« La démocratie est parfois une sacrée corvée. Et c’est une preuve pour les citoyens que ce congrès n’a pas été un congrès de pré-ententes, mais un congrès lié à un combat électoral fair-play. »La question qui se pose est de savoir si le nouveau président parviendra à unifier ce groupe de personnes à la tête du parti. L’ancien recteur de l’Université Masaryk et professeur universitaire de sciences politiques Petr Fiala semble toutefois sûr de lui en affirmant que l’ODS a bénéficié d’une nouvelle impulsion :
« Les personnes qui ont été élues seront une contribution importante pour la gestion du Parti civique démocrate. »Les statuts et le règlement intérieur ont également été modifiés lors du congrès. Dès à présent, un membre du parti qui sera condamné pour un délit intentionnel pourra en être expulsé. Les membres de l’ODS se sont également mis d’accord sur la création d’une assemblée de cent personnes appelée « républicaine » et qui devrait décider des affaires essentielles du parti. Au contraire, le conseil d’administration devrait, lui, voir son effectif diminué. Souvent critiqué comme parti très eurosceptique, l’ODS souhaite désormais revenir sur le devant de la scène politique en s’adressant aux citoyens à l’occasion des prochaines élections au Parlement européen, qui auront lieu au printemps 2014.
Fondé en avril 1991 par Václav Klaus après la scission du Forum civique (mouvement civique contestataire actif lors de la Révolution de velours), l’ODS est resté au pouvoir entre 1992 et 1998. Lors des élections de juin 1998, l’ODS est devancé par les sociaux-démocrates (74 sièges) et devient le deuxième parti le plus important à la Chambre des députés, avec 63 sièges sur 200. En novembre 2002, Mirek Topolánek est élu à la présidence du parti, Václav Klaus s’étant lancé dans la course électorale pour être élu président de la République en février 2003. Toutefois, lors des élections de juin 2006, si l’ODS arrive largement en tête avec 82 sièges, le parti est obligé de former une coalition avec les chrétiens-démocrates et les Verts. Mais, fragile, cette coalition est dissoute en mars 2009 suite à une motion de censure déposée par l’opposition. Suite à des propos injurieux lors de la campagne législative de 2010, Mirek Topolánek renonce à la direction du parti au profit de Petr Nečas. A l’issue de ces élections, ce dernier parvient à conduire l’ODS en deuxième position, avec 20% des voix, en perdant néanmoins 15 points par rapport à 2006. L’ODS forme ainsi une coalition gouvernementale relativement stable avec les partis TOP 09 et Affaires publiques, obtenant ainsi une majorité de 118 sièges à la Chambres des députés. Mais le scandale de l’affaire Jana Nagyová, proche collaboratrice de l’ancien Premier ministre Petr Nečas, qui a conduit à la démission de ce dernier et à la chute de sa coalition en juin 2013, assène un coup dur à l’ODS. Le parti ne recueille que 7,72% des suffrages, 16 sièges seulement, lors des élections législatives anticipées du mois d’octobre dernier, soit le score le plus faible depuis sa création. Ce fiasco électoral a donc entraîné, au début de cette nouvelle année, une volonté de la part des membres de l’ODS d’entamer un nouveau départ pour désamorcer la crise.