Un spécialiste de la lutte anti-corruption au ministère de l’Intérieur ?

David Ondráčka, photo: CTK

Tandis que la nouvelle Chambre des députés se réunit ce lundi pour la première fois, sociaux-démocrates (ČSSD), représentants de l’Action des citoyens mécontents (ANO) et chrétiens-démocrates (KDU-ČSL) entament les discussions tripartites en vue de concevoir un programme commun et de former un gouvernement. Et les choses se précisent. Andrej Babiš, milliardaire à la tête du mouvement ANO, propose par exemple la nomination de David Ondráčka, directeur depuis 2008 de la section tchèque de l’organisation Transparency International, au poste de ministre de l’Intérieur.

David Ondráčka,  photo: CTK
« Je ne vois pas pourquoi notre mouvement ANO ne soutiendrait pas la nomination au ministère de l’Intérieur, par exemple, de monsieur Ondráčka, qui s’est engagé dans la lutte contre la corruption. »

Andrej Babiš a surpris son monde dimanche en lançant cette proposition lors d’une émission de télévision. Âgé de 37 ans mais déjà vétéran du combat contre la corruption, David Ondráčka juge la démarche prématurée. Il a déjà cependant discuté cette éventualité avec le leader de la formation ANO, arrivée en deuxième position lors du récent scrutin législatif, et n’écarte pas la possibilité d’y répondre positivement :

« Je suis prêt à accepter cette proposition dans le cas où tous les partenaires de la future coalition se mettent d’accord sur ce point. »

Problème justement, la social-démocratie a également des vues sur ce ministère de premier ordre. C’est ce qu’affirme Bohuslav Sobotka, le leader de ce parti arrivé en tête des législatives et le très probable chef du futur gouvernement :

Bohuslav Sobotka,  photo: CTK
« Notre position est de nommer un ministre de l’Intérieur issu de nos rangs. Et nous avons un certain nombre de candidats pour ce poste. »

Les chrétiens-démocrates disent quant à eux ne pas être opposés à la nomination d’un « expert » à l’Intérieur. Et Bohuslav Sobotka estime toutefois que si les trois partis qui négocient actuellement la formation d’une coalition gouvernementale parviennent à s’accorder sur un programme commun, la question des nominations au sein des différents ministères ne devrait pas poser de problème.

Spécialiste de la corruption en politique, des marchés publics, ou encore de la réforme de la fonction publique, autant de sujets qui empoisonnent la vie politique tchèque, David Ondráčka pourrait ainsi avoir la possibilité de mettre en application les réformes que Transparency International, l’initiative Rekonstrukce statu (Reconstruction de l’Etat) ainsi que lui-même appellent depuis bien longtemps de leurs vœux. On l’écoute :

« Ma principale motivation est de contribuer à imposer les mesures pour lesquelles je me bats depuis de longues années. Parmi mes priorités, il y a celles que l’on peut définir comme un encadrement de l’Etat. Il s’agit tout d’abord d’une réforme de l’administration publique, d’une loi sur la fonction publique, du financement des partis politiques, mais également d’une professionnalisation et d’une amélioration du travail de la police afin que celle-ci soit plus apte à enquêter sur la criminalité financière. »

Andrej Babiš,  photo: CTK
Andrej Babiš avance donc ses pions, lui qui a fait savoir, ce dimanche également, qu’il pourrait devenir ministre des Finances, un poste qui, d'après ses propos, ne le changerait pas beaucoup de son activité à la tête du groupe agroalimentaire Agrofert. Il souhaiterait dans le même temps occuper les fonctions de vice-président du gouvernement.

Un gouvernement où le milliardaire pense pouvoir entrer sans avoir à fournir d’attestation de lustration, un document prouvant qu’il n’a pas collaboré avec les services secrets communistes. C’est en tous les cas ce que lui aurait dit le chef de l’Etat Miloš Zeman à l’occasion d’une entrevue dominicale.