Un sursis pour le cabinet Petr Nečas

Photo: CTK

Comme il fallait s’y attendre, le gouvernement du premier ministre Petr Nečas a résisté, dans la soirée de mardi, au vote d’une motion de censure à la Chambre des députés. Les observateurs sont cependant quasi unanimes à constater que la coalition gouvernementale tchèque manque de cohésion et que sa survie n’est pas vraiment assurée.

Photo: CTK
C’est après un débat de huit heures que les députés ont finalement procédé au vote d’une motion de censure contre le cabinet composé de trois partis de la coalition - le Parti civique démocrate (ODS), le parti Top 09 et le parti Affaires publiques. Les députés de l’opposition ont profité de cette occasion pour critiquer fermement devant les caméras de télévision la politique du gouvernement actuel, les réformes qu’il réalise et les scandales qui l’avaient éclaboussé. L’opposition n’a pas su réunir cependant les 101 voix nécessaires pour pouvoir renverser le gouvernement car le Parti social-démocrate et le Parti communiste ne disposaient que de 81 voix. S’y sont joints encore les anciens membres du groupe de députés d’Affaires publiques Kristýna Kočí, Jaroslav Škárka et Stanislav Huml, mais c’était toujours insuffisant car la coalition a été finalement soutenue par 114 voix. En votant, le député Daniel Korte du parti TOP 09 a tenté de ridiculiser la cérémonie en chantant. « Je vote contre le projet, » a-t-il chanté dans le micro de la Chambre des députés et sa voix a été reconnue valable malgré les protestations de l’opposition. A l’issue du vote, le premier ministre Petr Nečas a manifesté sa satisfaction :

Petr Nečas,  photo: CTK
« Je suis content que la coalition gouvernementale ait pris une attitude responsable et ait respecté les accords conclus. Et je suis surtout content que tous les hommes politiques de la coalition aient mis l’accent dans leurs déclarations sur la nécessité des réformes. Cela veut dire que la justification de l’existence de ce gouvernement réside dans la réalisation des réformes et non pas dans le fait que les membres de la coalition occupent les postes gouvernementaux. »

Cette manifestation de l’unité de la coalition gouvernementale risque cependant d’être de courte durée. Selon le premier ministre, le récent remaniement de son cabinet n’est pas suffisant et il faudra procéder encore à d’autres changements qui se heurteront probablement à la résistance des partenaires de la coalition. Déjà à l’issu du vote à la Chambre, le parti Affaires publiques a laissé entendre que son soutien au gouvernement actuel n’est que temporaire et qu’il pourrait finir. Selon le député Petr Skokan, si les réformes fondamentales ne sont pas réalisées avant juin prochain et si le cabinet n’est pas remanié une fois de plus pour satisfaire son parti, Petr Nečas ne pourra pas compter sur le soutien d’Affaires publiques :

Petr Nečas et Vít Bárta,  photo: CTK
« Nous nous sommes engagés dans ce gouvernement pour réaliser certains objectifs qui s’accordent aux objectifs de nos partenaires de la coalition. Néanmoins, s’il s’avère que ce projet n’est pas basé sur un véritable partenariat ou que nos objectifs ne sont pas réalisés, nous mettrons fin à cette coopération. »

Dans cette situation, l’opposition ne se considère donc pas comme vaincue. Le chef de la Social-démocratie, Bohuslav Sobotka, ne regrette pas d’avoir déposé une motion de censure à la Chambre :

Bohuslav Sobotka,  photo: CTK
« Malheureusement, aujourd’hui la social-démocratie n’a pas atteint son objectif, c’est-à-dire de renverser le cabinet de Petr Nečas et d’arrêter les réformes injustes qu’il réalise. Je suis pourtant convaincu qu’il fallait bien procéder au vote de motion de censure car il était nécessaire de montrer les problèmes graves pour la société tchèque et pour le fonctionnement de la démocratie, problèmes dus à l’activité ou l’inactivité du premier ministre et des membres de son cabinet. »

Une nouvelle épreuve attend le gouvernement actuel encore avant les vacances. Petr Nečas entend lier l’adoption des lois sur les réformes par la Chambre des députés au vote d’une motion de soutien à son cabinet.