Un tableau du surréaliste tchèque Jindrich Styrsky vendu pour un prix record
Deux records ont été battus, ce dimanche, lors de la vente publique d'oeuvres d'art présenté par la Galerie Art Praha à l'hôtel Hilton de Prague. La toile du classique du surréalisme tchèque Jindrich Styrsky "Le Cirque Simonette" a été vendu pour 8,6 millions de couronnes, quelque 280 000 euros, et la somme totale pour les oeuvres vendues a atteint 25 796 900 couronnes, près de 860 000 euros. C'est un autre record jamais atteint en République tchèque, lors d'une vente publique.
Avec les frais des enchères le nouveau propriétaire du tableau, un homme d'affaires tchèque anonyme, a payé finalement pour le tableau 9,46 millions de couronnes. Ce résultat braque les feux de l'actualité sur Jindrich Styrsky, peintre, photographe, poète et théoricien du surréalisme qui a vécu entre 1899 et 1942. Sa vie et son oeuvre ont été profondément marquées par l'amitié intime qui le liait avec le peintre Toyen, une autre grande figure du surréalisme tchèque. C'est avec elle que Styrsky a vécu en France de 1925 à 1928.
Son tableau "Le Cirque Simonette" est inspiré par l'art des clowns et de saltimbanques si cher aux surréalistes. Vladimir Neubert de la Galerie Art Praha voit cependant dans le tableau encore les influences de l'art cubiste:
"Styrsky a peint ce tableau à l'âge de 24 ans encore sous l'influence du cubisme qui était à son déclin. C'était, cependant, un cubisme qu'on pourrait caractériser de lyrique. Il a peint une ballerine et un clown et pour souligner certaines parties du tableau, Styrsky n'a pas utilisé des additions à la peinture comme le font certains artistes, mais il a collé sur la peinture des grains de sables. Styrsky est un auteur hors du commun qu'on ne trouve qu'exceptionnellement sur le marché de l'art tchèque. Il se classe parmi les plus grands peintres surréalistes et ses oeuvres sont rares. En plus, le tableau Le Cirque Simonette est non seulement rare, mais c'est une toile qui donne une impression, comment dire, très aimable, très agréable. C'est un tableaux joyeux qui a marié d'une façon idéale le cubisme et le lyrisme."
Le sort des oeuvres d'art ressemblent parfois aux sort des humains, comme eux les oeuvres d'art souffrent des vicissitudes de l'histoire. Vladimir Neubert :
"Le sort de ce tableau a été très mouvementé. Il faisait partie de la collection du grand collectionneur tchèque, Jaroslav Borovicka, qui a été arrêté à cause de sa collection en 1959. La collection a été confisquée et le tableau est passé dans les fonds de la Galerie nationale. Il était à la Galerie nationale jusqu'en 1992, lorsqu'il a été restitué à son ancien propriétaire."
Selon Vladimir Neubert, les artistes surréalistes tchèques sont de plus en plus prisés en Tchéquie, mais aussi dans le contexte international. L'art de Toyen, de Sima, de Styrsky et d'autres peintres représente donc désormais, non seulement une valeur artistique, mais aussi un bon placement.