Une ancienne usine souterraine : futur mémorial ?

Шахта «Рихард», Фото: Штепанка Будкова, Чешское радио - Радио Прага

Alors qu’est célébrée en ce 27 janvier Yo Ha-Shoah, la Journée des victimes de l’Holocauste, Radio Prague s’est penchéesur un projet de mémorial et d’exposition à la mémoire des victimes qui ont travaillé pendant la guerre dans une usine souterraine nazie, en Bohême du Nord.

C’est une ancienne mine d’extraction de calcaire, dont l’histoire remonte à bien plus loin que la Seconde Guerre mondiale, au XIXe siècle. Située près de Litoměřice, en Bohême du Nord, elle va abriter pendant la guerre une usine nazie secrète. Avec le début de la guerre et les bombardements, les nazis cherchent à cacher leur production mécanique. La mine s’avère être un lieu idéal et peu à peu les nazis transfèrent leur production sous terre, pour échapper aux bombardements Alliés. A l’automne 1944, les salles de production commencent à fonctionner.

Kamil Soukup
Aujourd’hui, l’état de l’usine souterraine se dégrade à vue d’œil et une iniative a vu le jour afin de soutenir un projet de protection du site, comme le précise Kamil Soukup, directeur de l’Office du tourisme de Litoměřice :

« Nous nous activons dans l’intention de construire un mémorial en souvenir de cette époque tragique où fonctionnait une usine secrète. En même temps, nous voulons rappeler l’histoire entière de cette mine. Nous allons chercher à concrétiser ce projet. »

Le projet, comme souvent, se heurte pour l’heure à des besoins de financement, raison pour laquelle le dossier est encore à l’étude. Kamil Soukup :

« C’est une question financière. Nous cherchons des possibilités réalistes, car rien n’est gratuit. Nous espérons pouvoir construire une exposition directement à l’intérieur de la mine, mais celle-ci se trouve dans un tel état de désolation que ça va être très difficile. La deuxième possibilité, c’est que l’exposition soit installée à l’entrée de cet espace, ou une combinaison des deux. Tout est possible, mais c’est l’étude en cours qui dira ce qu’il en est. »

Dans l’usine mécanique souterraine, des ouvriers sont employés à l’ouvrage, notamment des Français et des Italiens au début. Mais surtout des prisonniers détachés du camp de concentration de Flossenburg, près de Litoměřice. On y fabrique notamment des pièces détachées pour les moteurs de véhicules et de chars. Des milliers de personnes se tueront littéralement à l’ouvrage, comme le rappelle Kamil Soukup :

« Ce sont des chiffres très tristes au vu du peu de mois pendant lesquels la production a duré. Au début, ce sont des prisonniers de Terezin qui ont préparé la production. Ils se levaient très tôt le matin et revenaient le soir. C’était très dur et le taux de mortalité était très important. La direction de l’usine a donc décidé de créer le camp de concentration de Flossenburg, non loin de là, dans d’anciennes casernes. Pendant ces quelques mois, quelque 18 000 prisonniers sont passés par là, parmi lesquels 4 500 personnes n’ont pas survécu. »

A l’heure actuelle, l’ancienne usine souterraine est interdite au public, même si, malgré le danger, des visiteurs se rendent parfois sur place. L’ancienne mine, baptisée Richard, n’est pas le seul site tchèque à avoir été réutilisé à la fin de la guerre aux fins militaires du régime nazi.