Une bibliophilie bilingue tchéco-française sera consacrée à Jan Skácel
Mme Lenka Frouliková enseigne la langue tchèque à l’Université Nancy 2. Récemment, elle a traduit des poésies de Jan Skácel, poète tchèque très connu, dont la création est intimement liée à la Moravie du sud, région où il est né et où il a passé toute sa vie.
« Jan Skácel est l’un de mes poètes les plus appréciés, les plus aimés. Nous avons déjà traduit avec mon collaborateur qui est d’ailleurs mon ancien étudiant de tchèque à l’université, Bohuslav Reynek. Bohuslav Reynek est lié à la Bohême et nous avons voulu traduire aussi un poète qui est étroitement lié à la Moravie, à la culture populaire morave et nous avons choisi Jan Skácel. Mais dire que nous l’avons choisi n’est pas tout à fait précis, car nous avons été littéralement enchantés par un livre de Skácel qui n’est pas très connu. Il s’agit au fait d’un scénario d’une pièce qui a été préparée pour la Lanterne magique à Prague. Mais le scénario n’a jamais été réalisé et en Moravie on n’a publié qu’une seule fois ce fin livre destiné, surtout, aux amateurs de l’œuvre de Jan Skácel. Le livre s’appelle en tchèque « Na koni páv, smrt a moruše », en français « A cheval, le pain, la mort et le mûrier ». Il s’agit d’un livre où il y a des parties en prose, ainsi que des poèmes et beaucoup d’allusions qui vont vers la mémoire collective morave, vers la création populaire, vers les contes de fées et les légendes et pourtant, c’est un texte qui est très actuel et qui parle aux lecteurs d’aujourd’hui. Nous avons été tellement séduit par ce texte que nous avons décidé de le traduire en français. C’est la maison d’édition Bonaventura qui est spécialisée en livres pour bibliophiles qui a accepté notre traduction. Le livre sera accompagné d’illustrations d’un artiste morave… Ce sera maintenant à nous de présenter ce livre bilingue tchéco-français à des maisons d’édition susceptibles de le distribuer également en France. En tout cas, ce serait notre souhait ».
« Je peux dire que la poésie tchèque est connue au moins dans le milieu universitaire. Mes étudiants et en général les étudiants de langue tchèque s’intéressent beaucoup à la littérature tchèque et il y a toujours beaucoup d’étudiants qui s’intéressent à la poésie. Il y a aussi des associations, comme c’était par exemple l’association Romarin à Grenoble qui regroupait justement les amateurs de la poésie tchèque. A Grenoble, c’était bien sûr des amateurs de la poésie de Bohuslav Reynek, parce qu’il était lié à cette ville. Mais je sais que par exemple dans le Midi de la France il y a une certaine association, dont les membres essaient de faire connaître par exemple Jaroslav Seifert et d’autres poètes tchèques en France. J’imagine donc qu’il y a des endroits où l’on s’intéresse encore plus à la littérature et à la poésie tchèque. Bien sûr, parmi mes amis il y a ceux qui en lisant la littérature du monde entier lisent aussi la littérature tchèque. Tout dépend de la culture de la personne ».
Après l’écrasement du Printemps de Prague, en 1968, Jan Skácel s’est vu interdire, jusqu’au début des années 1980, toute publication de ses œuvres. L’ironie du sort veut que le poète soit mort le 7 novembre 1989, dix jours avant la fameuse révolution de Velours qui a balayé le régime communiste.