Une brasserie offre de la bière pour encourager le vote des jeunes

Stanislav Bernard

Après le « persuade ta mémé », où deux jeunes acteurs populaires invitaient les jeunes électeurs à persuader leurs grands-parents de ne pas voter pour la gauche lors des prochaines élections législatives, une nouvelle initiative privée encourage les jeunes à se rendre aux urnes les 28 et 29 mai prochain. Pas de consignes de vote, mais une récompense contre leur démarche démocratique : de la bière gratuite.

« Etudiants, allez voter, vous aurez de la bière ! » C’est une initiative bien peu commune de la brasserie Bernard, une brasserie qui rencontre du succès aussi bien pour la qualité de sa bière que pour un certain sens de l’originalité en matière de marketing. L’emblème de la marque n’est autre que le directeur de la brasserie, Stanislav Bernard, qui a acquis une certaine sympathie en se jouant de sa propre image, notamment sur les bouteilles de bière sans alcool, où, sous le slogan ‘Bernard à la tête propre’, il laisse tomber ses longs cheveux bouclés bien connus du public pour apparaître le crâne rasé. Alors, de la bière gratuite contre un vote, une opération marketing de plus ? Stanislav Bernard, le patron de la brasserie, ne s’en défend pas :

Stanislav Bernard
« J’y vois une bonne synergie parce que nous soutenons une bonne chose. Personnellement, cela compte pour moi parce que l’avenir de ce pays est important à mes yeux. J’ai vécu sous le communisme, et un quelconque retour dans cette direction me déplait. Et il est vrai que cette campagne a une synergie avec notre marque parce que nous voulons construire une marque culte de bière. Or ces marques ont toujours leur propre histoire et leurs propres opinions. Et souvent, ces opinions sont contre l’opinion générale, et nous n’avons pas peur de le dire. »

Le public visé est la jeunesse, puisque la campagne propose des fûts et des caisses de bière aux étudiants des écoles secondaires, ainsi que des entrées à un festival organisé par la brasserie pour les étudiants des écoles supérieures. On écoute les motivations de Stanislav Bernard :

« Nous avons peur que les gens soient si asphyxiés par la politique que beaucoup d’entre eux, et notamment les jeunes, décident de ne pas aller voter. Pourquoi ? Parce que les gens voient que les hommes politiques suivent leurs propres intérêts. Ils voient du populisme pré-électoral, des mensonges, des promesses irréalistes qui mèneraient à la faillite, à un endettement qui est structurellement mauvais. Je pense que les jeunes ont leurs propres intérêts qui sont assez éloignés de la politique et qui sont également naturels. Ils veulent vivre, s’amuser. Mais ils sont également intelligents, éduqués, et donc ils doivent voter. »

De la bière contre des promesses de vote, Stanislav Bernard ne voit pas cela d’un mauvais œil, arguant, contre ses détracteurs qui l’accusent d’encourager à la consommation d’alcool, qu’il ne s’agit que de petites quantités pour un groupe de plusieurs jeunes par ailleurs en âge de gérer leur consommation de boissons alcoolisées puisque également en âge de voter. Ce que souhaite Stanislav Bernard est donc encourager la jeunesse à effectuer son devoir citoyen, sans consignes de vote soi-disant. Néanmoins, Stanislav Bernard a déjà été candidat pour le principal parti de droite, l’ODS, et même s’il critique la vieille classe politique, ses obédiences sont plus que claires :

« Cette année, deux nouveaux partis politiques candidats devraient dépasser, selon les sondages, la barre des 5% leur permettant de siéger au Parlement. Cela veut dire qu’il y a une chance de voter pour quelque chose de nouveau. Et sans dire pour qui je vais voter, je pense par exemple que le prince Karel Schwarzenberg, leader de l’un de ses deux nouveaux partis, est un homme précieux. »

Photo: CTK
Stanislav Bernard est convaincu du succès de son entreprise et il a donc décidé d’augmenter le nombre de lots offerts aux jeunes répondant à son appel. Sa campagne n’est malgré tout qu’un exemple de plus dans une campagne électorale plutôt agressive et dans laquelle ce sont finalement des initiatives a priori non partisanes qui réussissent à faire couler le plus d’encre. Mardi, un collectif d’artistes est ainsi allé barbouiller de peinture rouge le parvis du siège du Parti communiste pour dénoncer un parti qui « n’a jamais pris ses distances avec les assassinats et la dévastation » de la société tchèque entre 1948 et 1989. Des actions menées principalement contre une gauche mise toujours dans le même sac, qu’il s’agisse du parti communiste ou du parti social-démocrate. Ce dernier ne paraît pas pour autant en mesure de récupérer la plus jeune partie de l’électorat, quand bien même il essaierait de le faire.