Une entreprise tchèque imprime des barrières antichars en 3D à destination de l’armée ukrainienne
Une entreprise tchèque s’est lancée dans l’impression 3D de barrières antichars en béton à l’intention de l’armée ukrainienne. Basée à Žďár nad Sázavou, la société ICE Industrial Services prévoit d’envoyer également sur le terrain ses imprimantes afin de permettre aux Ukrainiens d’en produire eux-mêmes sur place. Et, dans un deuxième temps, d’aider à la reconstruction du pays.
Résistantes aux armes légères, aux grenades, ainsi qu’aux missiles antichars, les barrières antichars produites par la société tchèque ICE Industrial Services ont été testées dans un centre balistique et correspondent à un certain nombre de normes de l’OTAN.
L’imprimerie 3D n’est pas la première activité de l’entreprise dirigée par Tomáš Vránek qui conçoit et construit de nouvelles machines et lignes d’automatisation à destination, entre autres, de l’industrie automobile : pourtant, ces dernières années, elle a cherché à se diversifier en explorant les possibilités du béton imprimé en 3D, une technologie en vogue dans beaucoup de start-ups du pays. Un investissement à hauteur d’environ 50 millions de CZK dans une technologie qui, selon l’entreprise, lui permet de créer des structures brutes jusqu’à cinq fois plus rapidement et d’économiser jusqu’à 70 % de matériau par rapport au coffrage coulé classique. Les pièces imprimées en béton sont creuses et peuvent présenter des formes variées.
La guerre en Ukraine a été un déclic pour l’entreprise qui a décidé de mettre à profit son savoir-faire. Jiří Vambera est responsable de l’innovation pour l’entreprise :
« Les barrières ont des formes différentes qui peuvent être combinées entre elles. Le processus total commence par la préparation du matériau. Après le transport du matériau, nous commençons par le dépôt des couches avec notre robot. Nous imprimons les formes souhaitées, qui comportent un certain nombre de cavités qui peuvent être remplies de sable une fois les barrières arrivées à leur destination finale. Nous pouvons produire une forme de base en 20 minutes environ, il est donc possible d’en imprimer 20 à 30 par jour. »
20 minutes, donc, seulement pour imprimer une barrière d’un mètre de haut. Après l’impression, le béton doit encore sécher, et il est prêt à être transporté dès le lendemain. La machine à imprimer peut facilement être programmée pour toute autre forme ou épaisseur. L’entreprise produit différents types de barrières en fonction du type de missiles auxquels celle-ci doit pouvoir résister.
Le matériau lui-même n’atteint un plein niveau de résistance qu’au bout d’une vingtaine de jours, mais il peut assurer une certaine protection quelques jours seulement après avoir été imprimé, explique Jiří Vambera.
« Le deuxième jour, les barrières ont déjà une résistance d’environ 25 %, ce qui permet de les déplacer. Et après une semaine, la résistance est de 80 %, il est donc possible de les transporter sur une plus grande distance. En théorie, elles pourraient être imprimées sur place, mais étant donné le matériau, je pense qu’il est logique de faire fonctionner l’imprimante dans une zone sûre à distance du champ de bataille. Par contre cela ne fait en effet pas sens d’envoyer le béton en Ukraine à travers toute l’Europe. »
Les barrières peuvent être empilées les unes sur les autres ou placées côte à côte, comme des blocs de construction.
Au-delà de leur construction et de leur livraison en Ukraine, l’entreprise morave qui emploie 170 personnes souhaite également à terme envoyer des imprimantes 3D dans ce pays déchiré par la guerre, et former les Ukrainiens à leur utilisation. Quelques centrales à béton, pas trop proches ni trop loin des lignes de front, pourraient participer à l’effort de guerre en produisant ces barrières antichars d’un nouveau genre.
Enfin, comme le précise le chef d’entreprise Tomáš Vránek, les barrières ne sont qu’une première étape, la prochaine étant de participer à la reconstruction des bâtiments détruits par les bombardements russes. Un des projets d’origine de la société ICE Industrial Services était d’imprimer des maisons entières grâce à cette technologie 3D, ce qui pourrait être mis à profit pour remettre le pays sur pied : « Il y a d’innombrables bâtiments détruits là-bas et il n’y aura certainement pas assez de capacité pour tout reconstruire. Les machines pourraient aider à la construction de nouvelles maisons. Enfin, comme les barricades sont modulaires, elles peuvent ensuite être démontées et utilisées pour construire des bâtiments utilitaires », expliquait récemment Tomáš Vránek à la presse tchèque.