Une semaine d'attaques à la lettre empoisonnée

Photo illustrative: Yoel Ben-Avraham, CC BY-ND 2.0 Generic

Les enveloppes suspectes réceptionnées au ministère de l’Intérieur et à celui des Finances la semaine passée contenaient bien du poison. Dans un courriel envoyé à plusieurs médias, un anonyme revendique l’envoi de ces colis et menace de lancer d’autres attaques avant Noël. La police prend l’affaire « très au sérieux » selon le ministre de l’Intérieur pour qui il ne faut pas non plus céder à la panique. L’envoyeur infréquentable risque jusqu’à onze années de prison.

Photo illustrative: Yoel Ben-Avraham,  CC BY-ND 2.0 Generic
Pas de répit pour les facteurs ces temps-ci : les enveloppes suspectes adressées aux plus hautes autorités tchèques ont été légion. On en a recensé quatre la semaine passée. Toutes ne contenaient cependant pas de substances à base de poison ainsi que l’a confirmé le ministre de l’Intérieur, le social-démocrate Milan Chovanec, destinataire de l’une de ces lettres inamicales :

« Beaucoup d’enveloppes suspectes ont été reçues récemment mais seules deux étaient dangereuses, celles envoyées au ministère de l’Intérieur et au ministère des Finances, qui contenaient effectivement du poison. Les autres lettres reçues par exemple au siège du gouvernement ou à la présidence de la République ne renfermaient aucune substance dangereuse, seulement de la poudre blanche inoffensive. »

Andrej Babiš,  photo: ČTK
Les tests en laboratoire ont révélé que les lettres destinées au ministre des Finances Andrej Babiš et à son collègue de l’Intérieur contenaient respectivement du chlorure de mercure et du bromure de cyanogène, deux composés chimiques très toxiques. Personne n'a toutefois été empoisonné. Déjà en septembre, les boîtes aux lettres du ministère des Affaires étrangères, du gouvernement et du Château de Prague avaient été la cible d’envois similaires avec des enveloppes contenant une "substance blanche". Les enquêteurs prennent ces cas comme un tout, comme le confie la porte-parole de la direction de la police, Jana Macalíková :

« Les affaires qui présentent des traits communs sont évidemment l’objet d’une unique enquête et sont comparées entre elles. Mais je ne suis pas en mesure de dévoiler les détails de ce dossier. »

De maigres informations donc et il faut dès lors peut-être s’en remettre au chef de l’Etat Miloš Zeman, qui, à l'occasion des premiers envois en septembre, voyait là « la marque de l’Etat islamique » qui aurait ainsi manifesté son courroux suite à l’aide tchèque apportée aux combattants kurdes. Il appartient à la police d’avaliser ou non ces élucubrations présidentielles, police qui a déjà établi que la lettre reçue au ministère de l’Intérieur la semaine passée a été expédiée depuis un pays scandinave. Aussi, Milan Chovanec tient à souligner que les autorités du pays ont les choses bien en main :

Milan Chovanec  (à droite),  photo: ČTK
« La police travaille de la façon la plus efficace possible afin de mettre la main sur le responsable de ces envois et de le traîner en justice. La panique n’a pas lieu d’être dans cette période avant les fêtes mais je veux insister sur le fait que nous prenons l’affaire très au sérieux. La police, nos services de sécurité et de renseignements, travaillent tous de façon intensive sur ce cas. »

Ces services peuvent s’appuyer sur de nouveaux indices et notamment sur le mail anonyme reçu par l’agence de presse ČTK et par d’autres médias. L’auteur de ce courriel considère que la première phase de l’opération est achevée et menace de lancer une deuxième vague d’attaques avant Noël. Ce message en rappelle un autre envoyé voici plusieurs mois et qui parlait de répandre le virus Ebola dans des lieux publics de République tchèque. Il appartient à la police de déterminer si ces menaces sont sérieuses ou l’œuvre d’un plaisantin à l’humour particulier.