Václav Havel et Mikhaïl Gorbatchev à propos du radar américain en Tchéquie

Deux grandes personnalités de l’histoire de la fin du XXe siècle, le dernier président tchécoslovaque Václav Havel et le dernier président de l’Union soviétique Mikhaïl Gorbatchev se sont prononcés à la Télévsion tchèque sur une question qui préoccupe, ces derniers temps, l’opinion mondiale : l’implantation d’une base antimissiles en Europe centrale. Leurs idées diffèrent considérablement.

Les Etats-Unis comptent implanter un bouclier antimissiles en Europe centrale. Il est question d’une base antimissiles en Pologne et d’une base radar sur le territoire de la République tchèque. En Pologne, une dizaine de missiles devraient être capables de détruire des missiles lancés éventuellement par des Etats considérés comme dangereux par les Etats-Unis, potentiellement l’Iran ou la Corée du Nord. Une base radar serait installée, dans le cadre du projet, à quelques dizaines de kilomètres de Prague. Les négociations ont commencé l’année dernière et, selon les dernières informations, la signature de l’accord sur l’installation du radar américain en Tchéquie pourrait avoir lieu à la date symbolique du 5 mai prochain, journée anniversaire du Soulèvement des Pragois contre l’occupation nazie en 1945, lors de la réunion de la Conférence de l’OTAN sur la défense antimissile, à Prague. Ce projet ne plait aucunement à la Russie et Vladimir Poutine, président sortant russe, l’a exprimé maintes fois. Le dernier président de l’Union soviétique, l’un des acteurs de la fin de la Guerre froide et des changements sur la carte de l’Europe, Mikhaïl Gorbatchev exprime aussi ses craintes :

Réponse laconique de l’ancien président Vaclav Havel qui reproche à Gorbatchev de ne parler que de menace…

« Ce ne sont que des systèmes de défense ! »

Václav Havel,  photo: CTK
D’après Vaclav Havel, la base radar qui devrait être implantée en Tchéquie est la première grande chance d’aller au devant des désirs d’un allié, les Etats-Unis. Vaclav Havel a déclaré aussi qu’il était énervé par le fait que des centaines de milliers de personnes n’aient rien dit pendant des dizaines d’années contre la présence de 70 000 soldats soviétiques occupant l’ancienne Tchécoslovaquie. Aujourd’hui, une base radar américaine suscite des discussions à n’en plus finir. A la Télévision tchèque, il a insisté sur le fait que sans l’aide des Etats-Unis il n’y aurait pas eu de Tchécoslovaquie indépendante et de chute du rideau de fer. Il a encore précisé :

« C’est la première fois que les américains veulent quelque chose de nous. Avant, c’est nous qui voulions quelque chose d’eux. Ils ne veulent qu’une petite chose et nous, nous commençons à faire des obstructions tout à coup. »

Deux accords restent à signer encore entre la Tchéquie et les Etats-Unis : le premier encore avant le sommet de l’OTAN à Bucarest, la semaine prochaine, concernant la base radar, l’autre qui se nomme SOFA et concerne la présence des soldats américains sur le territoire tchèque, plus tard.