Václav Havel reçoit le titre de Docteur Honoris Causa de Sciences Po à Paris

Václav Havel, photo: www.sciences-po.fr

C’est pour mettre en perspective la portée mondiale de la disparition du rideau de fer en 1989 et de l’ensemble des événements qui y sont liés qu’un colloque intitulé «1989, un événement planétaire? » a été organisé, le 23 octobre, à Science Po à Paris. Parmi les participants, il y a eu l’ancien dissident et puis président tchèque Václav Havel à qui le titre de Docteur Honoris Causa a été décerné à cette occasion. Reportage d’Alexis Rosenzweig :

Václav Havel,  photo: www.sciences-po.fr
« Merci pour le doctorat et pour votre attention » - amphithéâtre plein, étudiants debout pour applaudir Václav Havel qui remercie en français. Ce n’est ni la première fois, ni la dernière, que l’ancien président se voit décerner un Doctorat Honoris Causa mais c’est un événement qui reste exceptionnel pour Sciences Po, institution de l’enseignement supérieur français, qui a ainsi tenu à marquer le 20e anniversaire de la Révolution de velours. Pragois pendant quelques années, Christian Lequesne est aujourd’hui directeur de recherches au CERI (Centre d’études et de recherches internationales):

«C’est très important parce que dans notre public d’étudiants beaucoup sont nés en 1989 ou après. Donc pour nous qui sommes de la génération qui avons connu le changement, il va de soi que dire à nos étudiants qu’il y a vingt ans, le monde basculait, c’est très important. Il faut faire en sorte qu’ils en prennent conscience.»

Le Tchèque Lukáš Macek est le directeur de Sciences Po Dijon :

«Je crois que c’est très important. Je suis personnellement très heureux qu’en France le 20e anniversaire de la chute du communisme en Europe centrale ne passe pas inaperçu, qu’on organise un événement d’une telle envergure. Je suis évidemment très content que ce soit Sciences Po qui soit au cœur de cela parce que c’est mon ‘alma mater’, mon école et l’endroit où je travaille actuellement. Et évidement, en tant que Tchèque, je suis content que Václav Havel soit un peu la guest star de cet événement.»

On dit parfois, même souvent, à Prague, que Václav Havel est beaucoup plus célébré à l’étranger que dans son pays. C’est parfois, et même souvent, le cas à l’Est de l’Europe jusqu’en Russie où Gorbatchev n’est pas tellement apprécié par les Russes. Avez-vous l’impression qu’en France Václav Havel a réellement cette aura qu’il n’a pas dans son pays?

Václav Havel,  photo: www.sciences-po.fr
«Je crois que ce décalage n’est pas si énorme que ça. Evidemment, l’opinion publique étrangère a toujours une vision un peu plus simple, un peu plus, je dirais, superficielle, du personnage. Donc forcément l’adhésion est plus simple. Elle voit en Václav Havel un symbole sans voir tous les petits problèmes auxquels il était confronté dans la politique domestique. Donc, forcément, l’opinion publique tchèque est plus critique, plus divisée, mais je pense que, par exemple, pour prendre la comparaison avec Gorbatchev, ce décalage entre la popularité locale et à l’extérieur ça na rien à voir. Je pense que Václav Havel reste pour beaucoup de Tchèques une autorité morale et politique, quelqu’un qui continue à exercer un certain magistère de la parole. C’est un ancien chef d’Etat très respecté.»

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Que représente Vaclav Havel pour les étudiants français de vingt ans aujourd’hui ? Réponses d’Hermine et de Guillaume venus jeudi soir voir et surtout écouter Václav Havel:

(Hermine:) «Le dissident qu’on associe vraiment avec la fin de l’URSS et de la guerre froide. Vraiment une très bonne image, très positive d’un homme courageux qui a œuvré pour la liberté.»

Václav Havel,  photo: www.sciences-po.fr
Qu’est ce que vous attendez des personnes comme Václav Havel, d’anciens dissidents, vingt ans après. Qu’avez-vous envie d’entendre:

«Qu’il y a un changement, que ça servait à quelque chose, qu’il n’y a pas eu de régression, que ce n’était pas un événement qui n’a rien changé.»

Vous en pensez quoi, personnellement?

«Je pense que ça a changé mais que ça recommence à revenir en arrière en fait. Mais justement c’est pour ça que je suis venue, pour voir un peu ce qu’il en pense.»

Photo: www.sciences-po.fr
(Guillaume:) «Pour moi c’est l’intellectuel dans la politique qu’il représente, le résistant au système communiste, et ensuite le politique. Mais cela va de pair avec la figure de l’intellectuel. Je pense que c’est un des symboles de cette nouvelle Europe mais qui concerne aussi toute l’Europe. Parce ce qu’il a été effectivement engagé dans la lutte concernant la Tchécoslovaquie et l’Europe de l’Est mais son message était aussi un message pour l’Europe en général.»