Václav Havel un an après : commémorations à l'aéroport de Prague
A l’heure des commémorations pour le premier anniversaire de la mort de Václav Havel, une nouvelle œuvre d’art prend sa place dans la liste des hommages rendus à l’ancien dissident et ancien président. Dévoilée le 8 décembre dernier à l’aéroport de Prague, cette immense tapisserie a été réalisée grâce au travail d’Amnesty International, d’artistes de renommée mondiale et surtout de deux artisans français d’Aubusson.
Une opinion que partage le ministre tchèque des Affaires étrangères Karel Schwarzenberg, parain du projet. Proche de Václav Havel, selon lui son œuvre n’est pas achevée et l’œuvre d’art à laquelle se sont associés ces cinq artistes doit être un rappel de la nécessité de continuer à défendre les idéaux pour lesquel le dissident, puis le président, s’est battu toute sa vie. On l’écoute.
« Bien sûr il aurait été heureux de savoir que l’œuvre d’art qui lui est dédiée à été financée par ces cinq artistes qui partagent sa vision et son engagement. Je sais à quel point il était heureux de rencontrer n’importe quel artiste venu de l’étranger ou de République tchèque à Prague pour lui rendre visiste. Tous les gens qui passeront par cet aéroport se souviendront de Václav Havel et surtout se souviendront des idéaux qu’il représente : la liberté, les droits de l’Homme et l’idée que rien n’est jamais acquis pour toujours. Nous devons nous battre partout dans le monde, pour toutes les générations. Il ne dépend que de nous de trouver un chemin vers un monde meilleur ou de tout perdre par notre négligence. » Une œuvre d’une très grande force symbolique réalisée à partir du dessin de Petr Sís par René Duché, meilleur ouvrier de France en 1991 et Daniel Bayle, suivant la technique de la tapisserie d’Aubusson, une tradition artisanale inscrite depuis 2009 au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Un travail long et éprouvant, mais surtout très émouvant pour les deux artisans qui ont aussi découvert le résultat final lors de la cérémonie à l’aéroport. On écoute leurs réactions. R. D. : « Nous sommes soulagés parce qu’on a réussi ce qui était presque un pari : un très long travail de six mois, 2 500 heures. A ce niveau-là nous avons réussi. En ce qui concerne la reproduction de la maquette, le rendu final, nous sommes assez contents. Bien sûr nous ne l’avions pas vu non plus : c’est la première fois que nous la voyons en entier donc naturellement nous étions assez stressés du résultat. Et je dois dire que nous sommes assez satisfaits. » D. B. : « Une tapisserie c’est mural, elle doit se voir au mur avec une certaine distance. C’est une autre vision. Pour moi, c’était très émouvant de travailler sur cette tapisserie, pour la destination et le thème. »R. D. : « Ça sautait aux yeux, dès qu’on l’a vue on a tout de suite pensé à ce qu’avait fait Václav Havel. Nous étions tout petits à côté ! »
Plus que la satisfaction d’avoir réussi le challenge de réaliser cette tapisserie en six mois quand il aurait fallu un an, c’est l’hommage rendu à l’une des grandes figures du XXe siècle et le dessin de départ très symbolique qui ont séduit et ému les deux artisans, comme le raconte Daniel Bayle.
« On en avait entendu parler, nous sommes d’une génération qui a beaucoup suivi ces événements qui étaient très importants, et c’était un personnage qui a servi une grande cause. Tout de suite lorsque j’ai vu la maquette, j’ai pensé que c’était très symbolique, avec ce personnage et les oiseaux symboles de liberté, et cet oiseau central en forme de cœur rouge comme un cœur blessé. Nous n’avons rencontré le peintre que petit à petit et j’étais très curieux de savoir pourquoi, comment, où allait cette tapisserie, pourquoi il avait travaillé ce thème. J’aime connaître le thème et l’histoire pour pouvoir ensuite interpréter. Mais tout de suite quand je l’ai vu j’ai senti cette idée de liberté, mais une liberté qui aurait été blessée. »Une œuvre d’art dont la beauté, la qualité technique et la force symbolique ne manqueront pas de retenir l’attention des voyageurs transitant par le terminal 2 de l’aéroport Václav Havel de Prague pendant les dix années à venir, avant de revenir aux mains de son propriétaire officiel, la fondation Vize 97 de Dagmar et Václav Havel.
Photos: ČT 24