Violence à l'école : une question de « climat scolaire »

A en croire les sondages, presque la moitié des enfants tchèques auraient été confrontés, directement ou indirectement, à des actes de violence à l'école. Un problème fortement médiatisé et qui semble, par conséquent, prendre de l'ampleur. Parallèlement, les enseignants n'ont jamais eu autant d'opportunités pour apprendre à dépister et prévenir les comportements suspects dans leurs classes. Un des projets destinés à les former en matière d'intervention sur le phénomène et baptisé « Minimiser la violence scolaire » a été lancé par la Fondation O2 et l'association Aisis.

A Zdar nad Sazavou, dans l'est du pays, Klara, une fille de 12 ans, a raconté cette semaine devant une caméra de télévision que ses camarades de classe avaient jeté sur elle des bouteilles et des crayons avant de lui casser le gros orteil. La direction de son école réfute l'idée d'un acte de violence et parle « d'un simple jeu, où un enfant saute sur les pieds d'un autre ». Le quotidien Hospodarske noviny s'est récemment penché sur des cas de violence verbale à l'égard des professeurs, enregistrés par des élèves sur leur portable et affichés sur le site Internet YouTube...

L'affaire de Klara, par ailleurs examinée par la police, pose la question de la relativisation du problème par les enseignants. Or, comme l'affirme le psychologue Michal Kolar, spécialisé dans le domaine : « La violence, quelle que soit sa forme, existe dans chaque école... » Le dépistage de la violence est aussi la principale difficulté que rencontrent les enseignants, constate Jana Udatna, de l'association Aisis. Elle est coordinatrice du projet « Minimiser la violence scolaire » :

« Ce que les professeurs peuvent repérer, ce n'est que le sommet de l'iceberg. La violence est un virus qui contamine toute la classe, qui ne concerne pas deux enfants qui se taquinent, loin de là. Seul un enseignant informé peut bien évaluer la situation et, en général, il n'a pas peur d'en parler devant la classe et de chercher, avec tous les enfants, une solution. »

A ce jour donc, quelque 205 enseignants issus d'un échantillon de 17 écoles primaires et collèges tchèques ont été formés par des psychologues dans des cours spéciaux, dans le cadre du programme « Minimiser la violence scolaire ».

« Ces cours ont été organisés à chaque fois pendant quatre week-ends, ce qui représente environ 80 heures de théorie et de pratique. Les participants ont donc pu vivre, eux-mêmes, certains modèles de situation, se mettre dans la peau de la victime, des parents de la victime et de l'agresseur. »

Toutes les écoles concernées sont sensibles à la qualité de leur « climat scolaire », qui est, selon les spécialistes, un facteur décisif dans la lutte contre la violence. Jana Udatna :

« Si les enfants se sentent à l'école en sécurité, s'ils sentent qu'ont les respecte, si l'école a ses règles bien définies et observées par tout le monde, un comportement violent y a très peu de place pour se manifester. »

Le programme « Minimiser la violence scolaire », prévu à l'origine pour la période 2005-2007, devrait se poursuivre l'année prochaine, dans une forme élargie et, comme l'espèrent ses organisateurs, soutenue par l'UE.