110 ans depuis le premier vol de l’aviateur tchèque Jan Kašpar
Le 16 avril a marqué le 110e anniversaire du premier vol réussi de l’aviateur tchèque Jan Kašpar. En 1910, en effet, ce natif de Pardubice, en Bohême orientale, a réussi un vol d’environ deux kilomètres à une altitude de 20 à 25 mètres. Et ce sur un avion de marque française Blériot acheté à Paris. À cette occasion, Jan Rudzinskyj, le porte-parole du Spectacle aérien de l’ingénieur Jan Kašpar (Aviatická pouť) – un événement qui, depuis 1991, se tient chaque année à Pardubice – a parlé à Radio Prague International des premières expérimentations aériennes de Jan Kašpar, de la sécurité dans l’aviation au début du XXe siècle et de la façon dont la ville de Pardubice honore la mémoire de l’aviateur.
« Jan Kašpar partageait sa passion pour l’aviation avec son cousin Evžen Čihák, qui est souvent oublié, et avec qui il avait construit un premier avion. Cela dit, cet avion n’a jamais volé. Jan Kašpar a donc utilisé de l’argent qu’il avait reçu de son père pour acheter, en France, un avion de marque Blériot, qu’il a ensuite ramené pour y faire ses premières tentatives aériennes. »
Son cousin Evžen Čihák affirmait avoir été le premier à faire un vol en avion.
« C’est vrai. À ce sujet, il a même écrit un livre intitulé Comment je volais et tombais (Jak jsem létal a padal). On peut y lire qu’il a été le premier à réaliser un vol. Pourtant les historiens affirment que ce n’est pas vrai. On estime donc aujourd’hui que c’est Jan Kašpar qui a été le premier à réaliser un vol. Néanmoins, Evžen Čihák était meilleur aviateur. »Le 16 avril marque l’anniversaire du premier survol de piste réussi par Jan Kašpar. À quelle altitude a-t-il réalisé ce vol ?
« Il se trouvait à quelques mètres d’altitude seulement, et le vol ne s’est fait que sur quelques centaines de mètres. La petite histoire dit qu’une vache se trouvait sur son chemin, et qu’il lui a fallu faire un à-coup pour l’éviter. À l’époque, les aéroports n’existaient pas, les vols avaient lieu dans des prés. Dans ce cas-là, c’était à l’emplacement de l’actuelle gare ferroviaire de Pardubice. C’est là qu’il a fait ses premiers essais aériens. »
Peu de temps après, il a réalisé un vol entre Pardubice et Chrudim, puis un autre vol encore plus célèbre, de Pardubice à Velká Chuchle. Pourquoi ces destinations ?« Il a effectué ce vol avec Jaroslav Kalva (journaliste sportif, ndlr) pour se rendre au mariage de son ancienne petite amie, réalisant par la même occasion le vol le plus long pour l’époque en Tchécoslovaquie et Autriche-Hongrie. Ce vol, dont on fêtera l’an prochain les 110 ans, l’a rendu très célèbre. Mon ami Martin Štěpánek, qui utilise l’un des meilleurs avions électriques au monde, voudrait en guise de symbole réaliser à nouveau ce vol Pardubice-Prague, mais avec un appareil moderne. »
De nos jours, faire un vol en avion implique d’attacher sa ceinture de sécurité. Mais qu’en était-il de la sécurité du temps de Jan Kašpar ?
« À l’époque, on ne comprenait pas vraiment les principes qui permettaient à un avion de voler. Il s’agissait véritablement d’expérimentations. Certaines des choses qui étaient utilisées à l’époque ne peuvent plus l’être aujourd’hui pour des raisons de sécurité. Pour ma part, j’ai eu le privilège d’effectuer un vol dans une réplique exacte de l’appareil Blériot avec lequel volait Jan Kašpar, et je peux vous assurer qu’il s’agit d’une expérience inoubliable. La sécurité est ailleurs : alors que pour les autres avions, c’est toujours le décollage et l’atterrissage qui sont les plus difficiles, avec l’avion Blériot, c’est le vol lui-même qui donne du fil à retordre. Maintenir cet avion dans les airs et maintenir son équilibre n’a rien d’évident. »
Jan Kašpar a-t-il eu des accidents d’avion ?
« Bien sûr. À l’époque, c’était inévitable. Les réparations étaient permanentes… Jan Kašpar était entouré de personnes douées, qui réparaient et construisaient en permanence. C’était une partie inhérente de l’aviation. Pour Evžen Čihák, qui construisait lui-même tous ses avions, c’était la même chose. Il avait sans cesse des accidents, mais il construisait sans cesse de nouveaux appareils. »
Même si Jan Kašpar était issu d’une famille aisée, il est mort dans la misère. Comment en est-il arrivé à perdre tout son argent ?
« Jan Kašpar a fait de mauvais investissements. Il n’était sans doute pas aussi bon homme d’affaires qu’il pensait l’être, pas plus que son père ne l’avait été. Il a investi dans une scierie et cette affaire a mal tourné. Mais je n’en sais pas plus, je suis plus pilote qu’historien. »Ses avions lui ont été confisqués pendant la guerre. Cela a certainement joué un rôle quant à sa situation financière. A-t-il pu reprendre ses vols après la Première Guerre mondiale ?
« Il n’a plus réalisé aucun vol après cela. Il a extrêmement souffert du fait que la commission de l’Empire austro-hongrois ne lui avait pas fourni de carte lui permettant de faire des vols pour l’armée, et cela malgré le fait qu’il était un aviateur de renom. Ces années ont été difficiles pour lui, le destin ne lui souriait plus. »
Jan Kašpar a-t-il des descendants ?
« Oui. Un grand spectacle aérien – l’un des plus importants en Europe centrale – est organisé chaque année à Pardubice. Il est intitulé Aviatická pouť inženýra Jana Kašpara, et les descendants de Jan Kašpar viennent régulièrement voir cet événement. D’ailleurs, toutes les personnes dont le nom de famille est Kašpar peuvent y entrer gratuitement. »On trouve une statue de Jan Kašpar à Pardubice. J’ai entendu dire qu’elle avait fait l’objet de controverses…
« Il s’agit d’un concours d’architecture, qui a été remporté par le projet controversé – mais intéressant d’un point de vue artistique – d’un poteau avec une manche à air, qui devait être installé à un endroit précis. Néanmoins, aussi bien les autorités locales que les historiens se sont opposés à ce projet. Finalement, c’est le projet qui avait obtenu la deuxième place qui a été réalisé : une statue classique représentant Jan Kašpar, qui se trouve dans le centre de Pardubice, sur l’avenue de la Paix. »