15 ans de capitalisme évalués par Vaclav Klaus
« Je me suis aperçu qu'au 1er janvier dernier, cela faisait 15 ans qu'avait brusquement démarré notre transformation économique. J'en ai conclu qu'il fallait nous pencher là-dessus, puisque personne d'autre ne le fait. » C'est par ces mots que le président de la République a ouvert la conférence de ce mardi. Organisée à Prague par "son" Centre pour l'Economie et la Politique, cette conférence avait pour thème « le rétablissement du capitalisme, quinze années après - la libéralisation des prix et du commerce extérieur et le lancement des privatisations vu par les acteurs de l'époque ».
« Ceux qui ont freiné et même mis en danger le changement indispensable du système appartenaient à deux groupes différents et tout aussi influents : d'un côté les réformateurs des années 60 exclus du Parti communiste, dont Zeman, Komarek, Jicinsky, Vlasak, Gregr, Vrba etc. Ceux-ci voulaient mettre en oeuvre des réformes vieilles de deux décennies. De l'autre côté, il y a avait les dissidents issus des sphères culturelles et intellectuelles, avec à leur tête Vaclav Havel, Jiri Dientbier, Petr Pithart et autres. Ils voulaient fabriquer quelque chose de nouveau, quelque chose qui n'aurait pas eu les défauts des deux modèles économiques connus dans l'histoire de l'humanité. Selon eux, le monde aurait dû être dirigé par un groupe d' « élus », auquel ils devaient appartenir en même temps que les Rolling Stones et Bill Gates. »
Vaclav Havel n'a pu répondre aux piques lancées par celui qui fut son principal rival politique. Il n'assistait pas à cette conférence. N'y assistait pas non plus, mais pour d'autres raisons, l'un des grands acteurs de la privatisation tchèque, celui surnommé depuis quelques années « le pirate de Prague ». Viktor Kozeny, grand gagnant de la « privatisation par coupons », est enfermé dans les geôles bahaméennes en attendant d'être extradé vers les Etats-Unis.Evoquant le sort de celui qui a arnaqué des milliers de petits porteurs avant de s'envoler, l'ancien ministre de la Privatisation, Tomas Jezek, a récemment reproché à Vaclav Klaus d'en avoir fait à l'époque un exemple à suivre. « Nous avons besoin de plus de gens comme Kozeny !» avait déclaré Klaus en 1994, alors qu'il était chef du gouvernement.