468 000 étrangers vivent en République tchèque
Les étrangers sont nuls, écrivait Desproges, mais ils sont surtout de plus en plus nombreux en République tchèque si l’on en croit les chiffres de l’Office tchèque des statistiques (ČSÚ). En réalité, cela est vrai pour les ressortissants de l’Union européenne mais pas pour ceux issus d’autres pays, dont le nombre décroit modérément en Bohême, Moravie et Silésie. La Tchéquie est même l’un des Etats les moins attractifs des Vingt-huit en ce qui concerne les demandeurs d’asile.
Parmi les tendances identifiées, il apparaît que les ressortissants de pays non-membres de l’UE sont à la baisse sur le territoire tchèque. C’est particulièrement vrai des Ukrainiens, dont le nombre a chuté d’un cinquième depuis 2009, mais également des Vietnamiens, historiquement présents depuis plusieurs décennies dans le pays, mais dont certains cherchent désormais de nouvelles opportunités de travail vers des contrées de l’Europe occidentale ou en Pologne. Autre phénomène : l’acquisition de plus en plus fréquente d’un permis de séjour, comme l’explique Daniel Chytil, qui travaille à l’Office tchèque des statistiques :
« Le nombre de personnes disposant d’un permis de séjour croît plus rapidement que le nombre total d’étrangers. En 2013, il y a eu pour la première fois plus d’étrangers avec un permis de séjour que sans. Cela illustre la tendance qu’ont les étrangers à s’installer durablement en République tchèque […]. Surtout, pour les étrangers hors UE, le permis de séjour représente une garantie sociale. A partir du moment où ils l’obtiennent, ils ne sont plus contraints de prolonger chaque année leur titre de séjour et ils ont différents droits, tels que l’accès à l’assurance-santé, à des aides sociales au même titre que les citoyens tchèques. Pour les ressortissants des pays-tiers, le permis de séjour est donc un objectif important, difficile à obtenir car il faut au moins travailler cinq ans dans le pays. »Par ailleurs, les ressortissants de l’UE, en particuliers de pays comme la Roumanie ou la Bulgarie, seraient de plus en plus nombreux à venir goûter aux charmes du mode de vie tchèque, des chiffres qu’il convient de relativiser car ils n’ont pas l’obligation de s’enregistrer auprès des autorités tchèques quand ils arrivent en Tchéquie, pas plus que celle de signifier leur départ lorsqu’ils s’en vont. Par exemple, il y avait 3667 ressortissants français en Tchéquie en 2014 selon le registre des Français établis hors de la France, mais cette donnée ne reflète sans doute pas parfaitement la réalité.
Depuis janvier 2014 et l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur la citoyenneté tchèque, qui facilite les démarches pour la deuxième génération d’immigrés, les naturalisations, 5114 pour cette année 2014, sont plus fréquentes que par le passé en République tchèque, qui reste néanmoins un des pays de l’UE où la pratique est la moins répandue. Actuellement, seule l’immigration permet à la Tchéquie de ne pas voir sa population baisser. Positif, le solde migratoire est toutefois trop faible pour, à terme, compenser le déclin démographique. C’est ce qu’indique la géographe Eva Janská, contactée par la Télévision tchèque :« La plupart des études de projection de la population, en lien avec son vieillissement, tablent sur le fait que des immigrants peuvent venir combler les espaces vides sur le marché du travail, mais pas à long terme. Il est question d’un horizon de temps peu éloigné. En fait, si ces immigrants devaient jouer ce rôle, ils devraient être bien plus nombreux qu’ils ne le sont actuellement. »
L’aide n’est pour l’heure pas à attendre des demandeurs d’asile puisqu’ils ont été seulement 1525 à déposer un dossier en République tchèque en 2015, quelques centaines de plus que l’année précédente. 71 personnes ont effectivement obtenu l’asile et 399 personnes, sans l'avoir obtenu, ont bénéficié d'une protection temporaire. Alors que la société tchèque est parcourue par des sentiments de peur pour le moins irrationnels à l’endroit des réfugiés, ceux-ci ne représentent pourtant qu’une « fraction insignifiante » du nombre total d’étrangers dans le pays d’après les mots de Daniel Chytil.