A Prague, une campagne pour alerter contre les selfies avec des animaux

La campagne Enjoy Respect Prague lancée l’année dernière a pour objectif d’encourager les touristes à se comporter de manière plus respectueuse à l’égard de la ville et des résidents, par exemple en soutenant le commerce local plutôt qu’acheter de vulgaires souvenirs, utiliser les transports publics plutôt que les bus « hop-on hop-off », être silencieux après 22h et ne pas jeter de déchets dans la rue. Récemment, l’initiative a également appelé les touristes à ne pas donner d’argent aux personnes qui proposent des selfies avec un serpent, un hibou ou un perroquet.

Barbora Scherf | Photo: Anaïs Chesnel,  Radio Prague Int.

Pour Barbora Scherf de l'Office du tourisme de Prague, bien que le problème reste relativement marginal et moins visible que les personnes en état d’ivresse et les déchets dans la rue, il n’en est pas moins réel et bien présent :

« C'est régulier de les voir près du Pont Charles ou dans la rue Karlova, quand il y a une grande concentration de personnes. C’est en réalité juste peu de personnes ou un petit groupe de personnes qui ont ces animaux sauvages – je ne sais même pas dans quelles conditions – mais ils apparaissent dans ces lieux. C'est un problème de niche, mais ça reste un problème. »

La campagne a donc été initiée par l’Office du tourisme de Prague et la mairie du Ier arrondissement, qui ont été alertés par  des signalements de particuliers  ou parce que les employés de ces organisations y sont confrontés eux-mêmes :

Pont Charles | Photo: Ondřej Tomšů,  Radio Prague Int.

« Nous avons nos propres bureaux dans le centre et nous voyons souvent des serpents, des hiboux et d’autres animaux sauvages être forcés à être pris en photo avec les touristes dans la rue. »

D’après les défenseurs des droits des animaux, utiliser des animaux sauvages en plein centre-ville est extrêmement stressant pour eux. Ils sont gardés à l’extérieur pendant de nombreuses heures qu’il fasse chaud ou froid. Manipuler sans cesse et transférer ces animaux peut s’avérer dangereux pour eux voire entraîner des blessures physiques. Certains peuvent à terme refuser de s’alimenter et, dans les cas les plus extrêmes, mourir.

Jan Chmelař de l’Inspection tchèque de l’environnement est souvent appelé à traiter ces cas. La police municipale fait appel à lui et à ses collègues lorsqu'elle a besoin de l’aide des experts.

Photo: City of Prague

« Même si cela ne relève pas directement de nos compétences, nous pouvons assister la police en déterminant de quelle espèce il s’agit, en décrivant la biologie de l’animal, en déterminant s’il y a des signes de cruauté envers les animaux, si le comportement est d’une manière stressante pour les animaux ou va à l’encontre de son comportement naturel. »

Dans certains cas, l’inspection prend en charge les animaux. Selon Jan Chmelař, dix serpents et cinq hiboux ont ainsi été secourus. L’année dernière, c’étaient dix serpents et vingt hiboux ou petits oiseaux de proie.

« Il y a deux catégories d’animaux qui sont utilisés pour ces sortes d’exhibitions. La première catégorie ce sont les reptiles, la plupart du temps des boas et des pythons. La seconde catégorie ce sont les oiseaux, et la plupart du temps, ce sont de petits hiboux, par exemple des chouettes effraies, ou des oiseaux de proie. »

D’après Jan Chmelař, cette pratique est totalement illégale. Tout d’abord, une directive de la mairie interdit de proposer des services dans la rue sans autorisation. Ensuite, les animaux ont souvent fait l’objet d’une acquisition illégale sur le marché noir. Enfin, les animaux utilisés sont souvent des espèces dangereuses protégées par des conventions internationales ou des lois nationales.

Bien que des amendes soient imposées pour ce genre de pratiques, les coupables, souvent des ressortissants étrangers, quittent le pays avant de s’en être acquittés.

Auteurs: Anna Fodor , Mathilde Nicolas
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