60 ans se sont écoulés depuis le « miracle de Čihošť »
Ce vendredi, soixante ans se sont écoulés depuis le « miracle de Čihošť ». Un événement qui donna le coup d’envoi des purges communistes dans les rangs de l’Eglise catholique. Soixante ans après, et au regard des archives, en sait-on plus sur cet événement ?
« Il ne s’agissait pas d’une provocation de la StB. La StB n’a fait qu’utiliser ce miracle, ou plutôt ce phénomène inexpliqué et inexplicable. L’enquête a démontré que la StB n’a pas du tout participé à la première phase. Par contre, les relations entre l’Eglise et l’Etat s’étaient exacerbées au cours de l’été 1949. Il s’agissait pour le régime de mettre en doute les activités de l’Eglise. C’est à cela que devait servir par la suite le procès avec le père Toufar. »
Car peu après le fameux « miracle de Čihošť », des fidèles affluent vers la petite église, et ça ne plaît pas au régime en place. En tout cas, accuser le père Toufar permet au régime de faire d’une pierre deux coups : il peut commencer à liquider l’Eglise qui a encore une forte influence dans les campagnes et qui représente une potentiel opposant à la collectivisation des terres.
Le père Josef Toufar est arrêté et subit des interrogatoires musclés menés par un certain Ladislav Mácha. Des interrogatoires si musclés qu’ils conduiront à la mort du religieux à l'âge de 48 ans. Adolf Rázek :
« La situation leur a en fait échappé. Mácha, un des agents de la StB, a exagéré. Il ne l’a certes pas tué, mais il l’a battu de telle façon qu’il a eu de graves problèmes de santé. Le père Toufar est mort d’une infection. Ils l’ont emmené dans un sanatorium d’Etat parce qu’il voulait le sauver à tout prix afin de pouvoir faire son procès et qu’il y joue le rôle qu’on lui avait attribué. »
La StB ne put donc utiliser le père Toufar dans le film de propagande censé reconstituer l’événement et employèrent en remplacement un de leurs agents. Le documentaire sera diffusé dans tout le pays. On ne sait toujours pas exactement aujourd’hui ce qui s’est réellement passé dans l’église de Čihošť. Une chose est sûre, les persécutions firent des ravages dans les rangs de l’Eglise catholique. En 1998, l’ancien agent de la StB Ladislav Mácha a été condamné à huit ans de prison ferme, puis à deux ans en appel. Comme d’autres anciens cadres du régime jugés après la révolution de velours, il n’a jamais purgé sa peine pour des raisons de santé.
Aujourd’hui, l’Eglise catholique envisage de faire béatifier le père Toufar, comme l’a été le père Popieluszko, assasiné par les services polonais. L’histoire du « miracle de Čihošť » a été adaptée dans un film tchèque de 2004 intitulé ‘In nomine patris’, et, plus tôt, abordée dans le livre de Josef Škvorecký ‘Miracle en Bohême’.