700 000 Tchèques seraient alcooliques
Selon une récente enquête réalisée par les psychiatres du Centre de soins individuels de Prague, 700 000 personnes alcooliques vivraient en République tchèque. Deuxièmes plus grands consommateurs d’alcool au monde selon un rapport de l’OMS paru en 2011, on savait les Tchèques portés sur la boisson. Pour autant, pas même les médecins ne s’attendaient à un chiffre aussi important. Une autre étude, publiée au sortir de la prohibition partielle il y a deux semaines, faisait quant à elle état de 200 000 hommes alcooliques dans le pays.
Parfois cette libération est une aliénation. Selon les statistiques de la police, un tiers des meurtres recensés entre janvier et août de cette année ont été commis sous l’influence de l’alcool. De même, 85% des auteurs de violences domestiques sont alcooliques. Bien souvent, ce sont les catégories de population les plus touchées par la misère sociale qui sont prédisposées à l’alcoolisme, comme le note Jiří Siostrzonek :
« Comme toute dépendance à une drogue, je pense que l’alcool est un problème social. Partout où il y a des taux élevés de chômage, des conditions sociales difficiles, les gens sont plus enclins à consommer des drogues. Cela leur permet d’oublier et les ‘aide’ à résoudre leurs problèmes quotidiens. »Mais si l’alcoolisme, qui a tué près de 10 000 personnes en République tchèque l’année dernière, est un problème social, c’est aussi une maladie qu’il convient de soigner. A l’instar de Zdeněk, 25 000 personnes ont décidé, en 2011 d’arrêter la boisson et de suivre des soins auprès des autorités compétentes. Près de 10 000 d’entre elles se sont même laissées enfermer pour suivre un traitement. Selon un médecin cité par Lidové noviny, il ne s’agit cependant là que de « la partie émergée de l’iceberg ». Pour lutter contre l’alcoolisme, le gouvernement envisagerait pour sa part une hausse de 10% du prix des boissons alcoolisées, une mesure qui ne combat cependant pas le mal à la racine, comme l’explique Ladislav Csémy, du Centre psychiatrique de Prague :
« En géréral, il est reconnu que l’accès à l’alcool influence la consommation. Le prix aura donc certainement un rôle à jouer. Mais sur le long terme, les hausses des prix, que ce soit ici ou à l’étranger, ont montré qu’après une baisse, la consommation retrouvait son niveau habituel au bout d’un certain temps. Dans une certaine mesure, la seule hausse du prix de l’alcool ou un simple changement d’imposition n’aura pas d’effet stable à long terme. »Ladislav Csémy ajoute qu’il faut insister sur la prévention des risques liés à l’alcool. Une hausse des prix pourrait même avoir des effets pervers, puisque les personnes les plus dépendantes se tourneraient alors vers des alcools de moindre qualité ou d’autres substances similaires. Jiří Siostrzonek pense ainsi que « si la prohibition des alcools forts s’était prolongée, la situation se serait aggravée car les gens auraient commencé à boire n’importe quoi ».