L’alcool menace l’espérance de vie de nombreux Tchèques

Photo: Khalil Baalbaki, ČRo

L’alcool serait responsable de dizaines de milliers de décès par an en République tchèque, pays où la pinte de bière serait la moins chère au monde. Une nouvelle étude menée par l’Institut national de santé mentale, basé à Klecany, au nord de Prague, met en garde contre la surconsommation d’alcool. Elle réduirait de vingt ans l’espérance de vie des personnes ayant un comportement à risque avec l’alcool.

Photo: Khalil Baalbaki,  ČRo
L’étude des spécialistes de l’Institut national de santé mentale s’appuie sur les données recensées entre 1994 et 2013. Sur cette période, plus de 90 000 personnes ont été hospitalisées en raison de l'alcool en Tchéquie. Parmi elles, 25 000 individus sont décédés. Le rapport constate que la plupart de ces victimes de l’alcool (près de 83%) étaient des hommes. Parmi eux, près de 80% étaient en âge de travailler : ils sont morts à un âge moyen légèrement supérieur à 50 ans. Ces vingt dernières années, l’alcool a tué en Tchéquie en causant notamment des maladies du foie et cardiovasculaires, des accidents et des suicides.

La charge économique que représente la consommation excessive de l’alcool pour l’Etat tchèque n’est pas non plus négligeable. Une des auteurs de l’étude, Blanka Nechanská, évoque dans ce contexte « 534 000 années potentielles de vie perdues » sur la période observée.

Si le rapport de l’Institut national de santé mentale met en évidence surtout l’alcoolisme chez les hommes, l’usage pathologique de l’alcool concerne évidemment aussi les femmes : phénomène qui demeure, en quelque sorte, un sujet tabou. On écoute Ladislav Csémy de l’Institut national de santé mentale :

Ladislav Csémy,  photo: Site officiel de l'Université Charles de Prague
« Au cours de ces vingt dernières années, les femmes se sont beaucoup rapprochées des hommes quant à la consommation d’alcool. Il n’empêche que les femmes boivent moins fréquemment et consomment des quantités d’alcool moins importantes. Si la consommation annuelle chez les hommes adultes est de 18 litres par an et par personne, chez les femmes, ce chiffre est réduit de moitié. De même, environ 6 500 hommes suivent chaque année un traitement lié à l’alcoolisme dans les hôpitaux tchèques, comparé à quelque 3 000 femmes. »

L'étude des spécialistes tchèques pointe du doigt également les dangers de la consommation d'alcool durant la grossesse : un autre phénomène inquiétant rarement abordé. Par ailleurs, le 9 septembre dernier a marqué, comme tous les ans, la Journée de sensibilisation au syndrome d’alcoolisme fœtal (FAS), la forme la plus grave parmi les multiples troubles physiques et mentaux chez l’enfant liés à la consommation maternelle de boissons alcooliques pendant la grossesse. Plus de 100 000 enfants atteints de ce syndrome naissent chaque année dans le monde entier, et en République tchèque, leur nombre est évalué à 80. Dans le même temps, plusieurs centaines de bébés tchèques sont affectés de différentes complications du fait de la consommation d’alcool de leur mère.

L’Institut national de santé mentale s’apprête à lancer une application Internet destinée aux futures mères et pas seulement à celles ayant un comportement à risque. Ladislav Csémy explique :

Photo illustrative: Martin Němec
« Il s’agit d’une application très simple à utiliser, accessible à tout le monde, aux femmes enceintes aussi bien qu’à celles qui désirent avoir un enfant. Elles y trouveront des informations sur le syndrome d’alcoolisme fœtal, aussi des photos d’enfants né avec des malformations en raison de la consommation d’alcool. Le site aura aussi une partie interactive : les femmes pourront remplir un questionnaire lié à leurs habitudes de consommation. Elles obtiendront un résultat et un commentaire. »

Finalement, quel que soit le résultat de ce questionnaire sur l’usage de l’alcool, les spécialistes sont unanimes : le syndrome d’alcoolisme fœtal est un handicap absolument évitable et « zéro alcool pendant la grossesse » est un bon réflexe à adopter.