À Prague aussi, la déesse Morana emporte avec elle l’hiver

Le cortège avec Morana

Pour accueillir le printemps dans le quartier de Suchdol, à Prague, le groupe folklorique Radost a récemment rejoué une tradition païenne : celle d’enflammer et de jeter dans la rivière la Morana, une figurine de déesse slave symbolisant la mort, l’hiver et la renaissance de la nature.  

Morana | Photo: Anna Baron,  Radio Prague Int.

C’est portée par les chants et les instruments de musique que la Morana se dévoile. Au milieu du cortège, on l’aperçoit : cette figure faite de paille, habillée d’un tissu blanc et ornée de colliers de coquilles emportera avec elle l’hiver pour laisser place au printemps.

« C’est une ancienne tradition païenne, mais qui se traduisait aussi dans le calendrier religieux. Cette figure symbolise l’hiver et aussi la mort, donc on chante, on chasse la mort qui est associée à la fin de l’hiver. »

Lucie Kubečková est membre du groupe folklorique Radost, qui a organisé cet événement dans un jardin communautaire de Suchdol. Cette association s’efforce de faire revivre et de perpétuer d’anciennes traditions :

« Le groupe s’appelle Radost en tchèque, ce qui veut dire la joie. Il a été fondé par deux Tchèques il y a environ un an. Son but est de raviver les traditions que nous aimons et qui rythment l’année. Mais nous les vivons d’une façon plus actuelle et moderne. Par exemple, on s’inspire des costumes traditionnels de Bohême centrale et de Moravie, pour créer nos propres costumes. Tout ce qu’on aime, on le prend et on l’utilise! »

Le groupe folklorique Radost | Photo: Anna Baron,  Radio Prague Int.

La Morana, bien habillée pour l’occasion, est portée jusqu’à la rivière Vltava en contre-bas. Dans le cortège, les membres du groupe, des habitants de Suchdol et les enfants qui ont confectionné la Morana interprètent ensemble des chants traditionnels. La procession est festive et chaleureuse : Ema, la fille de Lucie, n’aurait raté cette fête pour rien au monde :

« On voit bien que les traditions ne sont pas mortes. On est au XXIe siècle avec des vêtements qui sont inspirés du XIXe siècle. Cette fête amène une communauté plus large à se retrouver. Elle nous permet de mieux connaître les traditions et de renouer ainsi avec nos ancêtres. »

Au bord de la rivière,  la Morana est mise à feu. Elle est ensuite jetée dans la rivière,  dont le courant l’emportera elle,  et,  symboliquement,  l’hiver avec | Photo: Anna Baron,  Radio Prague Int.

Au bord de la rivière, la Morana est mise à feu. Elle est ensuite jetée dans la rivière, dont le courant l’emportera elle, et, symboliquement, l’hiver avec. Enfin là, le renouveau est symbolisé par une branche d’arbre appelée « létečko » ou « májíček »  comme l’explique Lucie :

« C’est une branche qui a déjà fleuri. Elle symbolise le printemps qui arrive, donc on a échangé la Morana qu’on a jetée dans la Vltava contre ce ‘létečko’ qui est ensuite rapporté dans le village. »

Mariana Novotná,  la fondatrice de Radost | Photo: Anna Baron,  Radio Prague Int.

Cette fête marque l’arrivée du printemps mais aussi le début d’une série de festivités pour le groupe folklorique Radost :

« Nous allons continuer à nous rendre visite pendant les fêtes de Pâques. Nous organisons également d’autres animations qui vont rythmer le printemps et le début de l’été : nous vous invitons chaleureusement à Suchdol fin avril, lorsque nous dressons la ‘májka’. C’est un tronc d’arbre qui est décoré autour duquel on danse pour la fête de Saint-Jean par exemple. Pour nous, il s’agit surtout de moments de convivialité, de partage et de plaisir qui nous aident aussi à surmonter les choses difficiles de la vie quotidienne. Tout ce qui est partagé est plus facile à supporter ! »

Auteur: Anna Baron
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