A Prague, un phénomène atmosphérique explique la rareté de la neige dans le centre-ville
La neige se fait rare dans le centre-ville praguois. En périphérie de la capitale tchèque, celle-ci tombe régulièrement et tient au sol. Des phénomènes géographiques et climatiques sont à l’origine de ces différences de chute de neige.
Mythe ou réalité ? C’est la question que l’on peut se poser quand il s’agit de parler de neige dans le centre-ville de Prague. Même si les flocons envahissent le ciel praguois régulièrement, ceux-ci fondent instantanément au contact du sol. Il est ainsi rare de marcher dans la poudreuse à travers les rues de la Vieille-Ville ou de la contempler sous un épais manteau blanc. Pourtant, une dizaine de stations de métro plus loin, il est fréquent de trouver plusieurs centimètres de neige, verglas et congères. Des différences de paysage mais aussi de températures pour le moins saisissantes.
Michal Žák, météorologue spécialisé dans le climat urbain et les changements climatiques, explique ces différences de chutes de neige entre le centre-ville et les banlieues praguoises par des éléments géographiques et physiques :
« La première raison est liée à la différence d’altitude entre ces deux régions. Le centre de Prague se situe sur les bords de la rivière, à 100 ou 200 mètres au-dessus du niveau de la mer, alors que les banlieues sont plus hautes, autour de 300 mètres d’altitude, à l’exception du nord et de la partie est de Prague. L’autre raison, qui est bien plus importante, c’est l’influence de l’îlot de chaleur urbain. »
Ce phénomène physique entraîne des températures plus élevées en ville et explique donc la rareté de la neige dans ces espaces. Cet îlot de chaleur urbain est comparable à un dôme thermique avec une chaleur plus importante à l’intérieur de celui-ci. Selon le météorologue, les activités humaines, telles que le chauffage ou les transports sont émettrices de chaleur et réchauffent l’atmosphère urbaine. Outre la chaleur anthropique, les matériaux et l’agencement des rues ont leur importance :
« Les surfaces dans les centres villes accumulent davantage de chaleur provenant des radiations du soleil au cours de la journée que les espaces ruraux recouverts de végétation. Cette énergie est ensuite libérée et chauffe l’air des centres-villes. »
Michal Žák n’exclut évidemment pas les actions humaines de salage ou de nettoyage des routes, ainsi que le passage des piétons, pour expliquer la faible quantité de neige sur les sols des cœurs de ville, mais il estime que l’îlot de chaleur urbain reste la raison principale.
Ecarts de température
Les météorologues ont étudié ces différences de température entre le centre de Prague et sa périphérie grâce à des relevés effectués par la station météorologique installée au Clementinum, dans la Vieille-Ville, et par d’autres stations localisées à une dizaine de kilomètres de la capitale tchèque.
« Les températures moyennes à long terme sont supérieures dans le centre-ville de 1,2 à 1,5 °C. Pour les températures minimales, c’est de l’ordre de 2, 2,1, 2,2 °C en faveur des banlieues. La différence entre les températures maximales est, elle, moins importante. Les différences sont généralement plus marquantes le soir et la nuit. Dans certaines situations liées à ces phénomènes météorologiques, il est possible d’avoir cinq à huit degrés de différence. »
Le centre-ville de Prague est particulièrement sujet au développement de ce phénomène atmosphérique par la densité des constructions des deux côtés de rue et la hauteur des bâtiments. Ces aménagements créent des canyons urbains compacts, accentuant ainsi l’effet de l’îlot de chaleur urbain. Comparé à d’autres capitales européennes, telles que Budapest ou Vienne, les données praguoises, sont d’après Michal Žák, similaires. Il précise :
« Tout dépend de la façon dont est construite la ville et de la densité des constructions et de sa quantité d’espaces verts. Berlin est certainement la ville avec la différence la moins importante, parce qu’il y a de nombreux parcs et espaces aquatiques. »