Andrej Babiš prêt à « faire le ménage en Tchéquie » après les prochaines législatives
Principale force d’opposition à la Chambre des députés, le mouvement ANO a reconduit à sa tête, samedi dernier, son fondateur et président, l’ancien Premier ministre Andrej Babiš. L’objectif du parti populiste est clair : former le prochain gouvernement issu des élections législatives de 2025.
« Je ne vais pas faire semblant d’être surpris… Vous avez choisi de travailler dur, très dur », a déclaré Andrej Babiš, unique candidat à sa succession, devant ses fidèles réunis en congrès à Prague. Quelque 80% des délégués lui ont donné leur voix, tandis que ses deux proches collaborateurs, Karel Havlíček et Alena Schillerová, ont été reconduits à leurs postes de vice-présidents du parti.
Au lendemain de sa réélection, l’homme d’affaires milliardaire qui fêtera ses 70 ans en septembre prochain a souligné que c’est bien lui et personne d’autre qui serait le leader d’ANO dans l’optique des prochaines législatives et le candidat au poste de Premier ministre, fonction qu’il a déjà occupée entre 2017 et 2021, avant de se présenter à l’élection présidentielle en 2023.
Les médias tchèques ont constaté qu’avec ce congrès, le mouvement populiste avait lancé sa campagne, une campagne qui « ne se termine de facto jamais », comme l’a remarqué l’éditorialiste de l’hebdomadaire Reflex. Pour sa part, l’hebdomadaire Respekt constate qu’ANO a tout particulièrement lancé une campagne « contre les élites, les organisations non-gouvernementales et l’Union européenne ».
« Seuls nos candidats défendront les intérêts tchèques », a déclaré Andrej Babiš à propos des élections au Parlement européen de juin prochain qui constituent, selon lui, le premier grand défi pour son parti, avant la tenue des élections législatives tchèques à l’automne 2025. Si Andrej Babiš et les vice-présidents d’ANO à ses côtés ont une nouvelle fois pointé du doigt « les fanatiques verts et les partisans de l’immigration », ils ont toutefois clairement désigné le principal ennemi du bien-être des Tchèques, selon eux, à savoir le gouvernement de coalition dirigé par Petr Fiala, au pouvoir depuis un peu plus de deux ans.
« Jamais dans l’histoire nous n’avons eu un gouvernement aussi arrogant, amateur et incompétent », dirigé par un Premier ministre « complètement déconnecté de la réalité » a déclaré Andrej Babiš, estimant que la coalition composée de cinq partis de centre-droit « a ramené la Tchéquie 30 ans en arrière, au cœur des années 1990. »
« Les gens s’appauvrissent, les entreprises font faillite, tandis que les sociétés énergétiques et les fabricants d’armes gagnent de plus en plus d’argent », a encore affirmé Andrej Babiš qui veut « faire le ménage dans le pays » dès son retour au pouvoir, en commençant par la réduction de l’inflation.
Pour ce faire, le mouvement ANO, incapable de former une coalition gouvernementale malgré sa victoire aux dernières législatives de 2021, a déjà trouvé un allié : le parti d’extrême droite SPD également dans l’opposition. On écoute Karla Maříková, député SPD :
« Parmi tous les partis représentés à la Chambre des députés, le mouvement ANO est celui qui est le plus proche de nous. Lorsque l’on compare nos programmes, cela apparaît tout à fait logique. Si nous obtenons un mandat suffisamment fort de la part des électeurs, nous aimerions évidemment participer au gouvernement. »
Le parti populiste d’Andrej Babiš figure régulièrement en tête des intentions de vote. Selon les résultats du dernier sondage de la société Kantar publié dimanche, si les prochaines législatives s’étaient tenues fin janvier-début février, ANO les aurait emportées avec un score de 35%, loin devant le parti conservateur ODS dirigé par le Premier ministre Petr Fiala qui recueillerait 15,5% des voix. Pour sa part, Petr Fiala a indiqué, dimanche, qu’il « ferait tout » pour empêcher ANO et SPD, crédité, lui, de 9,5% des voix, d’accéder au pouvoir.