Archéologie : une grande église byzantine découverte à Prague

Photo: ČTK

Il y a quelques jours de cela, des archéologues tchèques ont confirmé ce qu’ils supposaient depuis plusieurs années : à Prague, sur la colline de Vyšehrad, se trouvent les fondations d’un édifice plus ancien et plus grand encore que la rotonde Saint-Guy au Château de Prague. Cette église datant de la seconde moitié du Xe siècle ou de la première moitié du XIe siècle a été construite dans le style byzantin. La présence d’un tel édifice religieux sur le territoire tchèque remet en cause la version historique jusqu’alors défendue selon laquelle la dynastie royale des Prémyslides s’était déjà tournée vers le culte latin à cette époque-là.

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Le site de Vyšehrad fait l’objet de fouilles depuis les années 1960. En 2011, les archéologues y ont découvert l’abside sud d’une grande église dont il s’est avéré qu’elle en possédait trois et était d’une superficie de 230 m2. Chercheur à l’Institut d’archéologie de l’Académie des Sciences, Ladislav Varadzin précise l’importance de la chose :

« Cette découverte est unique d’abord en raison du plan de construction de l’édifice, qui s’apparente à celui des églises de l’Empire byzantin, ensuite pour ses dimensions car elle est 40% plus grande que la rotonde Saint-Guy au Château de Prague. Jusqu’alors, celle-ci était considérée comme l’édifice le plus grand de son genre dans les pays tchèques et dans l’espace habité par les Slaves occidentaux. »

Ladislav Varadzin,  photo: ČTK
Il pourrait donc s’agir de la plus grande église byzantine en Europe centrale. A partir de ses fondations, les archéologues ont pu se faire une meilleure idée de la construction du bâtiment :

« Il s’agit d’un édifice avec un plan de construction central, et le défi principal pour ces bâtiments était de résister au poids du matériel. Les monuments analogues qui se trouvent dans les Balkans nous permettent de supposer que cette église avait aussi une sorte de tour tout en haut. Il a fallu trouver une solution statique adaptée et il se peut que, dans les pays tchèques, aucun architecte n’était capable de construire un tel édifice. »

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Pour Ladislav Varadzin, cette théorie implique qu’un roi tchèque a dû inviter un architecte familier du style byzantin. L’édifice datant de l’époque des Prémyslides, la question de l’héritage de la mission évangélisatrice de Cyrille et Méthode dans les pays tchèques se pose alors :

« De nos jours, nous sommes persuadés de la domination de la liturgie en latin venue de l’Occident. Néanmoins, cette découverte remet en perspective la liturgie slave. Il se peut que la tradition de Cyrille et Méthode se soit poursuivie encore pendant le règne des Prémyslides, même si cette culture s’estompe avec la disparition du royaume slave de la Grande-Moravie. »

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Selon Ladislav Varadzin, l’importance de la découverte de cette église réside dans le fait qu’elle confirme une présence plus prononcée de la culture liturgique slave sur le territoire tchèque. Si, jusqu’à présent, les historiens avaient la connaissance de quelques éléments éparpillés, comme les courts écrits de l’époque, désormais, la présence de cette tradition ne peut plus être regardée uniquement comme un résidu.