Attentat visant un ancien préfet du Bas-Rhin en 1957 : deux ex-agents de la StB accusés de meurtre

Deux anciens agents des services secrets tchécoslovaques, Milan Michel et Stanislav Tomes, ont été accusés de meurtre, mercredi, à Prague, par le procureur de la République. En mai 1957, à Strasbourg, avec l'aide de deux autres collaborateurs aujourd'hui décédés de la Sécurité d'Etat, StB, les deux hommes avaient organisé un attentat à la bombe visant le préfet du Bas-Rhin de l'époque, André-Marie Trémeaud. Mais le colis piégé qu'ils avaient préparé dans une boîte à cigares avait alors tué l'épouse de ce dernier.

Envenimer les rapports franco-allemands alors en plein renouveau et empêcher le développement de l'intégration européenne naissante : tel était l'objectif de l'attentat commandité par le KGB soviétique et exécuté par quatre agents des services de renseignement et de sécurité de l'ancienne police tchécoslovaque.

La bombe dissimulée dans une boîte à cigares devait exploser lors d'une réception de la Communauté européenne du charbon et de l'acier. Perpétrée à Strasbourg, au coeur d'une région longtemps déchirée entre la France et l'Allemagne, l'action terroriste aurait dû amener les enquêteurs français à penser qu'il s'agissait d'une initiative d'une organisation baptisée « Union de combat pour une Allemagne indépendante ». Au nom de ce groupe, différents manifestes néo-nazis avaient été signés et envoyés quelques temps auparavant aux représentations diplomatiques américaines, britanniques et françaises en poste en République fédérale allemande.

En réalité, cette « Union de combat pour une Allemagne indépendante » n'était rien d'autre qu'une pure invention du département de désinformation des services secrets soviétiques visant à réveiller un sentiment anti-allemand en France. Finalement, la bombe n'avait pas explosé lors de la réception à laquelle participaient plusieurs hauts responsables politiques français, mais trois jours plus tard entre les mains d'Henriette Trémeaud, la femme d'André-Marie, préfet du Bas-Rhin.

Près de cinquante ans plus tard, après une enquête entamée en 1996 par l'Office de documentation et d'investigation des crimes du communisme, organisme rattaché au ministère de l'Intérieur tchèque, deux des auteurs encore en vie de l'attentat, l'un comme l'autre aujourd'hui âgés de 79 ans, ont donc été accusés de meurtre et risquent jusqu'à quinze ans de prison lors de leur prochain passage devant le tribunal à Prague.