Avant la trêve estivale, le gouvernement d’Andrej Babiš survit à une nouvelle motion de censure

Andrej Babiš, photo: ČTK/Vít Šimánek

Pas de surprise à la Chambre des députés dans la nuit de mercredi à jeudi : après 17h de débats, la motion de censure déposée par l’opposition contre le gouvernement n’a pas été adoptée. Ce sont des rapports d’audit préliminaires de la Commission européenne concernant les conflits d’intérêts du Premier ministre Babiš qui avaient motivé ce vote de défiance, sept mois après un premier échec.

Andrej Babiš,  photo: ČTK/Vít Šimánek
Il faut le vote de 101 des 200 députés que compte la Chambre basse du parlement pour faire chuter le gouvernement tchèque – la nuit dernière, l’opposition n’en a réuni que 85 lors de ce vote initié par le parti conservateur ODS, soit 7 de moins qu'en novembre dernier.

85, c’est exactement le même nombre que ceux qui ont voté contre cette motion de censure et qui sont tous membres des deux partis de la coalition gouvernementale, à savoir ANO et le ČSSD.

En s’abstenant, les communistes du KSČM ont confirmé leur soutien tacite à ce gouvernement. Le vote n’a eu lieu que vers 4h du matin et a été précédé par un débat de 17 longues heures. Le Premier ministre Andrej Babiš a pris la parole devant les députés, notamment pour accuser l’opposition de vouloir déstabiliser le pays, avant de revenir sur la grande manifestation contre lui de dimanche dernier :

« Je comprends que les gens aillent manifester. Mais je ne comprends pas bien pourquoi quelqu'un monte à la tribune avec un gilet jaune. Que veut-il dire? Qu'on va brûler des voitures en novembre ou jeter des pavés dans les vitrines rue Pařížská? »

Tomáš Klus,  photo: ČTK/Vít Šimánek
Pařížská, « la rue de Paris » de la capitale tchèque, est l’artère commerciale du centre-ville où se trouvent toutes les grandes marques de luxe. Une double référence ici du Premier ministre aux gilets jaunes français et vraisemblablement un reproche fait à un chanteur qui portait une veste jaune quand il a lu un texte à la manifestation contre le « Voldemort du conflit d’intérêts ».

A part Tomáš Klus, ceux qui portaient un gilet jaune faisaient partie du comité d’organisation de la manifestation pour assurer la sécurité dans la foule, sans apparente référence au mouvement social français.

Autre principale cible des manifestants de dimanche dernier, la ministre de la Justice Marie Benešová n’y est pas allée avec le dos de la cuillère non plus lors du débat-marathon de la nuit passée :

Marie Benešová,  photo: ČTK/Kateřina Šulová
« J’ai une longue expérience dans le domaine de la justice, je sais donc par expérience que ceux qui me critiquent ont eux-mêmes des problèmes, parce que je me souviens des écoutes téléphoniques de certains d’entre eux… mais je ne veux pas faire la morale ici. »

Sauf surprise, le gouvernement devrait donc rester en place dans les mois à venir (fin de la législature prévue en 2021). Reste encore un détail à régler dans les prochains jours quant à sa composition : le ministre de la Culture doit être remplacé, mais le président de la République Miloš Zeman tarde à donner son aval.